"Ils ne se sont pas contentés de le démembrer, ils s'en sont débarrassé en le dissolvant." La déclaration est digne d'une fiction policière, mais Hürriyet Yasin Aktay, conseiller du président turc Recep Tayyip Erdogan au sein de l'AKP, le parti au pouvoir, fait référence à l'affaire Khashoggi. Un mois plus tôt, le journaliste saoudien Jamal Khashoggi disparaissait dans de mystérieuses circonstances.
"Selon les dernières informations dont nous disposons, la raison pour laquelle ils ont découpé le corps, c'est pour le dissoudre plus facilement", a déclaré Hürriyet Yasin Aktay ce vendredi 2 novembre. La veille, à Washington, un porte-parole du Département d'État américain, Robert Palladino, appelait à ce que "les restes de Monsieur Khashoggi" soient "localisés et restitués à sa famille pour un enterrement approprié le plus tôt possible".
Hatice Cengiz, la fiancée de la victime, a demandé "à la communauté internationale de prendre des mesures réelles, sérieuses et concrètes pour mettre au jour la vérité et traduire les responsables devant la justice", dans une tribune publiée dans plusieurs médias internationaux dont Le Monde. C'est pour préparer administrativement leur mariage que Jamal Khashoggi s'était rendu au consulat d'Arabie saoudite à Istanbul le 2 octobre.
Un mois après sa mort, et malgré les efforts déployés par les autorités turques, le corps de Jamal Khashoggi, ou ce qu'il en resterait, n'a toujours pas été retrouvé. Dans un communiqué publié mercredi 31 octobre, le parquet d'Istanbul a affirmé que "la victime a été démembrée" et que l'"on s'en est débarrassée", sans pourtant préciser comment.
Après les déclarations du parquet, un responsable turc anonyme a contacté le Washington Post, pour lequel Jamal Khashoggi travaillait. Cette source a affirmé que les autorités examinaient une piste selon laquelle son corps aurait été dissout dans de l'acide au consulat ou dans la résidence du consul toute proche.
De son côté, Riyad, après avoir d'abord affirmé que Khashoggi avait quitté le consulat peu après s'y être rendu, puis soutenu qu'il était mort dans une rixe, a fini par évoquer une "opération non autorisée" par le pouvoir. Si plusieurs responsables et médias turcs ont directement incriminé le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, dit MBS, Ryad s'efforce de le dédouaner en insistant sur le caractère "non autorisé" de l'opération.
Hatice Cengiz a appelé les États-Unis, pays où s'était exilé Khashoggi en 2017, à être "à la tête des efforts" visant à traduire en justice les responsables. "Le premier amendement de leur Constitution symbolise à lui seul les idéaux qu'incarnait Jamal, estime-t-elle. Or face à cette tragédie, l'administration Trump a adopté une position dépourvue de tout fondement moral". Washington met en effet la pression sur Ryad pour que cette affaire soit élucidée, mais semble accorder le bénéfice du doute à MBS, un puissant allié de Washington au Moyen-Orient.
Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a ainsi estimé jeudi 1er novembre qu'il faudrait encore "quelques semaines" avant que les États-Unis disposent de preuves suffisantes pour pouvoir imposer des sanctions aux personnes impliquées dans l'assassinat. Tout en insistant sur le caractère "inacceptable" du meurtre du journaliste, Mike Pompeo a toutefois souligné que les États-Unis avaient "l'intention de s'assurer que (leurs) relations (avec Ryad) restent intactes".
Les dernières révélations macabres sur les circonstances du meurtre de Khashoggi coïncident avec la Journée internationale contre l'impunité pour les crimes contre les journalistes instaurée par l'Unesco et célébrée ce vendredi 2 novembre.
Depuis 2006, l'agence de l'ONU a condamné les assassinats de 1.010 journalistes et professionnels des médias. Mais neuf cas sur dix n'ont jamais été portés devant la justice, selon un rapport publié jeudi 1er novembre. Entre le 1er janvier et la fin du mois d'octobre 2018, l'Unesco a recensé le meurtre de 86 journalistes.
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