"Relance budgétaire", deux mots qui font une soudaine réapparition dans la zone euro après avoir été tabous en Europe. Cette formule symbolise en effet, pour l’Allemagne en particulier, la politique qu’on doit absolument éviter.
La relance, c’est quand l’État se met à dépenser davantage pour soutenir l’économie, par exemple avec des programmes de construction de routes, de réseaux d’énergie, de recherche dans l’innovation. Et si Berlin est contre par principe, c’est parce que la doctrine allemande considère que cela ne produit pas d’effets durables et que cela détériore les comptes publics, en creusant le déficit.
Et voilà que ce sont justement l’Allemagne et les Pays-Bas, deux pays qui se prévalent de la rigueur, qui veulent relancer leur économie. Qu’est-ce qui a motivé cette conversion ?
Ces deux pays sont victimes du ralentissement du commerce mondial, à cause de la guerre commerciale Chine-Amérique, du Brexit, du ralentissement chinois. Car une bonne partie de leur croissance vient de leurs exportations. Les ventes à l’étranger comptent ainsi pour la moitié du PIB allemand. Le constructeur automobile Volkswagen réalise par exemple 40% de ses ventes en Chine, Mercedes 30%. Faute de croissance venant de l’extérieur, ils veulent donc la soutenir à l’intérieur des frontières.
Qu’est-ce qu’ils vont faire ? Les Pays-Bas ont tiré les premiers, ils devraient annoncer dans quelques jours la création d'un fonds de relance de 50 milliards d'euros, une sorte de cagnotte pour financer les infrastructures, les développements de l'intelligence artificielle, faire une réforme des retraites et revaloriser les salaires des enseignants.
Les Néerlandais vont emprunter cette somme. Il est vrai qu'ils s'endettent à taux négatifs, c'est-à-dire qu'ils auront à rembourser moins que ce qu'ils empruntent, et que leur dette publique n'est que de 50% du PIB, deux fois moins que la France.
En Allemagne, plusieurs voix éminentes se sont prononcées pour la relance, comme Peter Altmaier, le ministre de l'économie, et des grands patrons. Et pourtant c'est plus compliqué. Il serait impossible d'emprunter pour faire un programme de relance, car l'Allemagne s'est dotée il y a plusieurs années d'un "frein constitutionnel" à l'endettement, qui limite le recours au déficit à 0,35% du PIB, c'est à dire trois fois rien.
Le tout est de savoir si Angela Merkel acceptera de réviser cette règle. C'est peu probable qu'elle prenne le risque de heurter ainsi les conservateurs de sa majorité. Mais ce n'est pas l'argent qui manque, puisque le budget fédéral est en excédent de plusieurs dizaines de milliards d'euros par an, aujourd'hui utilisés à rembourser la dette. L'Allemagne pourrait donc relancer sans s'endetter.
D’autres pays européens vont-ils suivre ? C'est possible, si la conjoncture continue à se détériorer. Ce qui est sûr, c'est que la banque centrale européenne, qui se réunit à la mi-septembre, va encore baisser les taux d'intérêt, de façon à tenter de ranimer l'activité.
Et la France ? La relance budgétaire, c'est une invention française, mise en oeuvre par tous les présidents qui se sont succédé, avec la régularité d'un métronome. Emmanuel Macron ne déroge pas à la règle. Après les "gilets jaunes", il a pris des mesures de soutien au pouvoir d'achat financées par le déficit budgétaire.
Si on était charitable, on dirait que sur ce point, la France était en avance sur l'Allemagne. Si on l'est moins, on dira que la France ne fait jamais que persister dans ses travers, mais qu'une mauvaise politique faite au bon moment, ça peut devenir une bonne politique.
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