Les salariés sont-ils plus fragiles qu'avant ? C'est la question que pose le dernier baromètre Malakoff, selon lequel 42% des salariés ont eu un arrêt maladie en 2022. C'est plus que pendant le COVID et plus qu'avant la pandémie.
Cela veut dire qu'il s'est passé quelque chose de profond, de fondamental, dans notre rapport au travail. Et ce constat est à rapprocher d'un autre chiffre : en 6 mois (entre janvier et juin), 1 million de français ont abandonné leur CDI. C'est 20% de plus qu'avant la pandémie. C'est ce que l'on a appelé "la grande démission". En parallèle, il y a eu le phénomène de "démission silencieuse".
Ce sont deux attitudes assez nouvelles depuis quelques mois. Des attitudes plus anglo-saxones que françaises d'ailleurs : soit on quitte la sécurité d'un CDI pour tenter un nouveau métier, avec plus de sens et pas forcément plus d'argent. On peut se le permettre parce qu'il y a énormément de travail. Par exemple un serveur de restaurant qui part faire autre chose.
Soit, on continue à travailler mais on fait le minimum légal. Parce que (là encore !), on cherche du sens à sa vie et on le trouve en dehors de l'entreprise.
Ces phénomènes sont directement liés à l'après-Covid. Parce que la vie à la maison (obligatoire) nous a aussi poussé à penser à nous recentrer, à penser au sens de notre vie... Et, même si on claque la porte du boulot, le processus pour arriver à ça est fait de souffrance. Selon le baromètre Malakoff Humanis, 1 salarié sur 3 reconnait qu'il aimerait bénéficier d'un arrêt de travail de complaisance même s'il est en pleine forme. Pourquoi ? Parce qu'il n'est pas heureux dans ce qu'il fait mais aussi parce qu'il veut du temps pour lui.
Ca dépasse même les maladies musculaires liés à des gestes répétitifs ou au port de charges. La souffrance au travail aujourd'hui est invisible. Elle n'est plus physique.
Les entreprises ont d'ailleurs fait beaucoup d'effort pour améliorer le poste de travail et réduire cette souffrance. Ce sera beaucoup plus difficile pour les problèmes psychologiques. En 2016, un salarié sur dix avait été arrêté pour une dépression ou un problème de ce type. Cette année, un salarié sur cinq.
Une maman célibataire, entre 18 et 35 ans, qui travaille dans une grosse structure en tension pendant toute la période du COVID... quelqu'un qui craque après la vague. C'est dans le commerce que l'absentéisme a le plus progressé et dans les métiers de la santé. Y a pas de secret, la première ligne du COVID est en train de boire la tasse.
Les jeunes et les managers sont les plus touchés. Un jeune salarié sur deux se dit stressé et épuisé. Le télétravail n'a rien arrangé en installant le bureau dans le salon. Un cadre sur quatre prend des somnifères ou des antidépresseurs. Les entreprises vont donc devoir trouver des réponses à cette souffrance. Donner du sens à leur action au delà de la recherche du profit, du green washing et des chartes bidons. Sinon leurs salariés partiront. C'est crucial en période de pénurie de main d'œuvre.
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Afin d'assurer