Le ticket-restaurant est-il en train de devenir une arme anti-inflation ? Le gouvernement a décidé de prolonger son utilisation pour acheter des produits alimentaires en supermarché. En pleine période d'inflation, pour de nombreux ménages, les tickets-restaurant permettent d'alléger un peu la note en caisse. "Tous les consommateurs sont dans une forme de système D aujourd'hui, où chacun tente d'optimiser le montant de ses courses, son pouvoir d'achat, les bonnes affaires qu'il fait...", explique Olivier Dauvers, journaliste spécialisé de la grande distribution.
"On s'est rendu compte depuis quelques années que le ticket-resto ou le titre restaurant pour être précis, était utilisé comme tel. Ça veut dire que c'est un allié au moment de payer en caisse des produits qui n'étaient pas nécessairement ceux qu'on allait manger le midi même. C'est aussi pour ça qu'en réalité, revenir sur cette faculté qu'on avait donnée à titre exceptionnel pendant quelque temps, c'était franchement une erreur politique et c'est d'ailleurs pour ça que le gouvernement est revenu dessus quasiment dans la journée", ajoute-t-il.
Avant la crise de la Covid-19, le ticket-restaurant permettait uniquement de payer au restaurant ou pour les plats cuisinés. Désormais, les Français achètent "de plus en plus, des produits qu'ils utilisent ensuite à la maison, pas nécessairement pour manger sur le temps du repas professionnel. Et c'est en ce sens que le titre restaurant est devenu quasiment du numéraire. C'est devenu un billet supplémentaire dans votre portefeuille", explique Olivier Dauvers.
"La probabilité que ça demeure en l'état est quand même forte", explique le journaliste. "Quel gouvernement pourrait revenir sur quelque chose qui est considérée comme un acquis. C'est perçu comme un acquis et vous savez très bien en France que revenir sur un acquis est quand même très très difficile", ajoute-t-il. Mais selon Olivier Dauvers, il y aurait peut-être une façon de rendre nos tickets-restaurant modifiables. "Ça serait par exemple de dire que tous les produits qui sont vertueux, soit pour la nutrition... On pourrait imaginer peut-être que les produits qui sont Nutri-Score A ou B, soient plus éligibles que d'autres", dit-il.
"On pourrait imaginer, quand il y aura ce qu'on appelle un éco-score ou un planet-score, le Nutri-Score environnemental, que ces produits-là soient plus éligibles que d'autres", énumère le journaliste. "Ça pourrait être une façon de modifier ce qu'on va appeler l'assiette d'utilisation du titre restaurant de manière plus acceptable", dit-il.
Les restaurateurs eux, sont en colère. "C'est bien pour ça que le syndicat professionnel des restaurants en début de semaine, s'est frotté les mains quand ils ont vu que l'utilisation du titre restaurant dans les supermarchés allait être rendue plus difficile. Donc en fait, là, vous avez une guerre de lobbying entre d'un côté les restaurateurs et de l'autre les supermarchés. Le titre restaurant qui est dépensé en supermarché ne le sera plus dans un restaurant par principe et vice versa", explique Olivier Dauvers.
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