Ce qui est frappant, quand on regarde les chiffres depuis 1960, c’est l’incroyable dégringolade de la progression du pouvoir d’achat des Français. Le pouvoir d’achat, c’est l’évolution de nos revenus en termes réels, c’est-à-dire en tenant compte de l’évolution des impôts, des prestations sociales et de celle des prix, bien sûr. C’est notre "vrai argent", la mesure de notre capacité à dépenser et à épargner. De 1960 à 1970, sur dix ans donc, il avait progressé de 77%.
Alors que dans les dix dernières années, 2010-2020, il n’a pris que 8,5%. Une progression quasiment divisée par dix en soixante ans. Sur une seule année, 1970, il fait quasiment autant que dans les dix dernières années, +7,3%. Deux phénomènes expliquent une telle chute, le ralentissement de la croissance économique, c’est-à-dire de la progression annuelle de la richesse créée dans le pays.
Et la baisse du nombre d’heures travaillées en France, avec notamment le vieillissement de la population, l’augmentation du nombre de retraités, à qui l’on redistribue une part croissante de la richesse. Sur les seules 20 dernières années, le nombre de retraités au régime général a progressé de plus de 40%, alors que la population n’a évidemment pas connu un tel bond.
Le tournant, c’est le début des années 1980. Il y a eu deux périodes noires, où le pouvoir d’achat des Français diminue. 1983-84, c’est le tournant de la rigueur des socialistes, et 2011-2013, la crise de l’euro, avec Nicolas Sarkozy et François Hollande. Dans le premier cas, c’est la désindexation des salaires qui cause la chute, c’est-à-dire qu’on cesse d’aligner les rémunérations sur la hausse des prix, pour restaurer la compétitivité.
Dans le second, c’est une augmentation massive des impôts. Vous remarquerez aussi que l’inflexion de 1980 correspond à peu près au moment où la dette publique française a commencé à grimper. En clair, dès lors que la croissance n’est plus suffisante pour faire progresser les revenus, la France emprunte pour compenser, gouvernement de droite et de gauche confondus.
La caricature de ce phénomène, c’est 2020, année de l’épidémie, où la croissance chute de 9%, alors que le pouvoir d’achat progresse de 0,4%. La différence, ce sont les aides considérables mises en place, chômage partiel et autres, financées par le bond de la dette publique cette année-là.
Le pouvoir d’achat n'évolue pas du tout de la même façon pour tout le monde. Les chiffres indiqués sont des moyennes nationales sur un an. En réalité, il y a des différences géographiques très importantes. Entre Paris et la Creuse ou la Seine Saint-Denis, il y a déjà une différence de niveau, de un à deux, en 2020, selon une étude du cabinet GFK.
Les évolutions sont tout aussi contrastées entre les régions dynamiques et celles qui se désertifient. Différences aussi entre les générations, le niveau de vie des retraités est en moyenne supérieur à celui des actifs, et cette bizarrerie s’est accrue en 2020. Différences encore entre les milieux sociaux. Les revenus des personnes aisées ou riches progressent plus vite que les autres.
D’abord parce qu’ils sont moins exposés aux aléas qu’au bas de l’échelle sociale, et aussi parce qu’ils disposent souvent d’un patrimoine financier, qui a par exemple fortement progressé en 2020 avec l’envolée de la bourse.
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