On a entendu Gérald Darmanin dimanche 24 mai sur RTL annoncer qu’il souhaitait généraliser l’épargne salariale pour tous. Ça c’est une idée qui est populaire sur le papier.
C’est là qu’on comprend que la Macronie, c’est le gaullisme social. Cet idéal de réconcilier patrons et salariés en partageant les bénéfices date du général de Gaulle qui l’a inventée le 17 août 1967. C’était alors le crépuscule des Trente glorieuses, un peu d’agitation et l’envie d’un meilleur partage des richesses. Depuis, cette idée est ressortie opportunément, surtout quand l’État n’a plus de marge de manœuvre pour soutenir le pouvoir d’achat des Français.
En 53 ans, l’épargne salariale reste un nain dans le portefeuille des Français. Elle représente 140 milliards, soit deux fois moins que l’argent déposée sur les Livrets A et quasiment dix fois moins que l’argent sur l’assurance-vie.
Emmanuel Macron, candidat, avait déjà fait mention de l’épargne salariale pour tous. Bruno Le Maire a instauré la loi Pacte qui favorise l’épargne salariale dans les PME et les entreprises de moins de 250 salariés et aujourd’hui, Gérald Darmanin reprend le flambeau.
L’épargne salariale est encore un luxe de grands groupes. Près de 11 millions de salariés en profitent, soit près d’un salarié sur deux seulement. Cela représente à peu près un mois de salaire. Selon l’association française de gestion, le montant moyen était en 2019 de 3.470 euros.
Ce n’est pas un dispositif adapté à toutes les entreprises dans un pays où 9 entreprises sur 10 sont des petites et moyennes entreprises. Selon les chiffres officiels de la direction des statistiques du ministère du Travail pour 2017, les entreprises ont redistribué 19 milliards à leurs salariés dont 18,4 milliards dans des entreprises de plus de 10 salariés. Autrement dit, les TPE, les indépendants sont encore totalement exclus du système. Cela va certainement progresser avec la loi Pacte. 2019 l’a déjà montré, avec 11% d’entreprises en plus qui ont eu recours à ce dispositif.
Cela reste un moyen pour les entreprises d’augmenter les salaires de leurs employés. Grâce aux bonnes performances de la Bourse en 2019, l’épargne salariale a fortement progressé. Avec cette épargne, revient l’idée de Nicolas Sarkozy pour le partage des bénéfices : 1/3 pour les salariés, 1/3 pour les actionnaires et 1/3 pour les investissements.
Mais le timing est assez troublant. Annoncer que tous les salariés pourront partager le fruit des bénéfices des entreprises au moment où la plupart des groupes ont puisé dans leurs réserves financières pour passer le confinement, au moment où une crise économique et sociale majeure avec une récession à la clé se profile et où on ne sait pas combien de temps va durer le ralentissement, autrement dit, promettre ça au moment où beaucoup d’entreprises ne vont pas dégager de bénéfices, c’est une promesse pas chère ou qui évite de parler de rétablir l’ISF pour faire participer les plus riches.
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