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L’alliance Alstom-Siemens mise en danger par Bruxelles

Pour le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, refuser cet accord serait une erreur économique mais aussi une faute politique.

Le siège d'Alstom à Belfort
Le siège d'Alstom à Belfort
L'alliance Alstom-Siemens mise en danger par Bruxelles
00:03:33
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François Lenglet

La commission de Bruxelles pourrait mettre en péril la création d'un géant franco-allemand du ferroviaire. Le mariage entre le Français Alstom et l'Allemand Siemens, annoncé il y a presque 18 mois, est en jeu. 

Avec cette alliance, il s'agit de créer un champion européen d'une quinzaine de milliards de chiffre d'affaire, fabricant de trains, de locomotives, de tramway, et des automatismes très sophistiqués pour la gestion des réseaux, la signalisation. Ce rapprochement a pour objectif de regrouper les forces franco-allemandes face aux concurrents du monde, et en particulier un monstre chinois, constitué récemment à partir de la fusion de plusieurs sociétés, CRRC, très offensif sur les marchés internationaux, et qui fait 2 fois la taille de l'Européen.

Or, la Commission a pour mission de vérifier, pour toute fusion d'entreprise importante, qu'il n'y a pas un risque de constitution de monopole, ce qui se traduirait par des prix plus élevés. Elle enquête donc, auprès des clients, auprès des concurrents, et bien souvent elle demande des concessions aux entreprises fusionnant. Alstom et Siemens se sont déjà engagés à céder une partie significative de leur activité signalisation, pour apaiser Bruxelles. Mais cela ne suffit pas. Et c'est cela qui inquiète les pouvoirs publics français, le ministre de l'Économie disait dimanche 6 janvier que si l'accord était refusé, ce serait une erreur économique mais aussi une faute politique.

Concurrence chinoise

La Commission est dogmatique, c'est un vieux problème. Elle considère que sur le marché très spécifique de la Très grande vitesse, les trains à plus de 300 km/h, le nouvel ensemble sera monopolistique. Cela peut poser problème notamment sur la ligne Thalys, Paris-Bruxelles. Les autorités belges, néerlandaises, britanniques et espagnoles ont explicitement demandé à la Commission de bloquer la fusion à cause de cela. 

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Ensuite, elle récuse l'argument de la menace chinoise, en expliquant que les Chinois ne sont pas encore très actifs en Europe. C'est vrai aujourd'hui, mais demain ? Ils viennent de vendre une vingtaine de locomotives en Allemagne, et de racheter des entreprises sur tous les continents, qui seront autant de points d'entrée sur nos marchés, y compris en France. Et ils arrivent, comme d'habitude, avec des produits à prix cassés. C'est tout le savoir faire et la tradition européenne en matière de ferroviaire qui est en jeu, avec plusieurs dizaines de milliers d'emplois.

À cheval sur les principes

Ce qui compte avant tout pour Bruxelles, c'est la concurrence pure et parfaite, c'est-à-dire la défense du client, alors que les intérêts stratégiques de l'Europe seraient plutôt de constituer des champions à la taille du continent pour exister sur la scène mondiale.

On retrouve exactement les mêmes débats lorsqu'il s'agit de protéger le marché européen face aux pratiques déloyales, souvent de la Chine encore d'ailleurs, pour les pneus, l'acier, les panneaux solaires. Lentement, très lentement, la Commission a fait évoluer sa doctrine, et commence à se rendre compte que nos partenaires commerciaux ne sont pas aussi scrupuleux que nous le sommes. Par exemple dans l'ouverture des marchés publics, qui est très faible aux États-Unis et en Chine, alors que l'Europe en a fait un principe intangible. La réponse sur le dossier Alstom devrait être donnée au plus tard le 18 février.  

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