Il y a 100 ans, le fabricant de jouet français Smoby voyait le jour

Il y a tout juste 100 ans, Paris accueillait ses premiers Jeux Olympiques. Cette même année 1924, une entreprise voyait le jour dans le Jura : Smoby, le fabricant numéro un des jouets français. 

Au cœur de l'usine d'Arinthod, certains secrets de fabrication sont jalousement gardés. "Le coffre-fort, c'est là où l'on a l'histoire de Smoby, c'est l'intégralité de nos moules, notre outil de travail. Sans moules, on ne peut pas faire de jouets", explique Alexis Delorme, le directeur général de Smoby.

Des moules, il en faut plus d'une vingtaine, pour fabriquer ne serait-ce qu'une seule cabane de jardin en plastique. Mais en 1924, le fondateur de la société, Paul Moquin, ne s'intéressait pas du tout au jouet. Il fabriquait des pipes en bois. Ce n'est qu'après la guerre que la société s'est mise au plastique, pour fabriquer des stylos à billes, puis des bassines, des sceaux, des règles et enfin des jouets dans les années 60, avec le fameux cadeau bonux, dissimulé dans les barils de lessives. 

Délocalisation puis relocalisation

Dans les années 80-90, Smoby grossit et délocalise près de la moitié de sa production en Chine. Finalement au bord de la faillite, l'entreprise est rachetée en 2008 par un groupe allemand, Simba Dickie. 

"On parle d'un groupe allemand, mais c'est d'abord une famille qui est à la tête de ce groupe. Elle va repousser encore un peu plus fort la relocalisation et invertir un peu plus de 50 millions d'euros depuis 2008 pour pouvoir reproduire en France", explique le directeur général de Smoby. "Aujourd'hui, c'est 75% de notre chiffre d'affaires total qui est fabriqué ici à Arinthod", ajoute-t-il.

Le groupe Simba Dickie est aujourd'hui dans le top 5 des fabricants de jouets en Europe, et Smoby est le premier fabricant de jouet en France et possède aussi la plus grande usine de jouets du pays : 34 000 mètres carrés, avec onze machines de soufflage, 40 presses à injecter, des machines ultra-performantes dignes de l'industrie automobile.

"On a deux métiers, développer des jouets, créer des produits de qualité et de plaisir, mais derrière, on est des vrais industriels ; des vrais plasturgistes", assure Alexis Delorme. Il sort d'ici 5 millions de jouets chaque année. L'été, ce sont des maisons de jardin, des tracteurs, et des toboggans en plastique, et l'hiver, pour Noël, des jeux d'imitation : comme des landaus, des établis, des buanderies et des cuisines en plastique.

Comment rester leader sur le marché ?

Pour rester leader dans leur secteur, les 380 salariés jurassiens travaillent pour sortir toujours 25 à 30% de nouveautés chaque année. "C'est le minimum, le jouet est un marché d'offre. Pour sortir un produit, il nous faut deux ans de développement. À chaque fois qu'on développe un nouveau projet, c'est entre un demi-million d'euros et un million d'euros d'investissement", explique le directeur général.  

Dès l'an prochain, tous les jouets seront écoresponsables et fabriqués à partir de matière recyclée. En ce qui concerne l'export, sur les 120 millions d'euros de chiffre d'affaires, plus de la moitié est réalisée en France. Mais Smoby, avec ses cabanes de jardin solides et colorées, à l'image du goût français, a bien l'intention conquérir le reste de l'Europe. 

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