ÉDITO - Prix du gaz : "La facture devrait augmenter pour certains", explique François Lenglet

Le cours du gaz naturel a doublé en un an et atteint les 50 euros le mégawattheure début janvier 2025. Une conséquence d'une décision de l'Ukraine qui témoigne de notre dépendance au gaz russe et devrait faire flamber les prix de certains abonnés, explique François Lenglet.

Le prix du gaz augmente (image d'illustration)

Crédit : MYCHELE DANIAU / AFP

LENGLET-CO - Pourquoi la facture de gaz flambe

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Le cours du gaz naturel pourrait avoir de quoi inquiéter les Européens en ce début 2025. Jeudi 2 janvier, le gaz coûtait 50 euros le mégawattheure, contre 25 euros au cœur de l'hiver dernier. Il a donc doublé depuis un an. Et si l'on est encore loin des cours que l'on a pu connaître au de l'invasion de l'Ukraine, où le gaz affichait plusieurs centaines d'euros le mégawattheure, c'est tout de même une très nette inflexion à la hausse par rapport à la tendance récente.

À l'origine de cette flambée, une histoire à peine croyable : jusqu'au 31 décembre dernier, l'Ukraine laissait passer du gaz russe dans un gigantesque tuyau qui traverse son territoire pour alimenter certains pays européens, dont la Hongrie, la Slovaquie, et l'Italie. Tout en étant en guerre avec la Russie, l'Ukraine touchait donc plusieurs centaines de millions de redevance de transit de Moscou. Tandis que Moscou recevait plus de 6 milliards par an en paiement de son gaz de la part des Européens. Le contrat se terminait fin 2024 et l'Ukraine a décidé de ne pas le renouveler pour priver Moscou de ces 6 milliards, quitte à renoncer elle-même à la redevance.

Même si seuls 5% de la consommation européenne de gaz passait pas ce tuyau, cette nouvelle affole les marchés. Car cela se produit alors que l'Europe a tiré sur ses stocks de gaz à cause du froid récent. Nous ne sommes plus qu'à 72% de remplissage et l'hiver est loin d'être terminé. En France, on est même à 59%, avec des stocks qui, lorsqu'ils sont pleins, représentent un tiers de la consommation annuelle.

Une possible hausse de l'électricité

Étrangement, pour compléter nos stocks, nous pouvons encore compter sur le gaz russe, en augmentant nos achats de gaz naturel liquéfié, le GNL, qui vient de Sibérie. On en apporte des millions de tonnes en Europe et il n'y a pas de sanctions sur le gaz, contrairement au pétrole. En définitive, nous ne pouvons pas nous passer du gaz russe aujourd'hui. Les deux grands autres fournisseurs sont les États-Unis et le Qatar, qui exportent du gaz liquéfié par bateau, avant d'être regazéifié pour être injecté sur le réseau.

Quoi qu'il en soit, en tirant davantage sur les marchés mondiaux, on fait monter les prix. Et la facture devrait augmenter pour les abonnés qui n'ont pas un contrat à prix bloqués. Par ailleurs, si la flambée se poursuivait, cela pourrait même augmenter l'électricité, car certaines centrales fonctionnent au gaz.

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