La noble cause de la réindustrialisation européenne a pris hier un sacré coup. Volkswagen, le constructeur auto allemand, pourrait en effet renoncer à son gigantesque projet d’usine de batteries pour voitures, prévu en Europe de l’Est, pour y substituer une autre méga-usine, aux États-Unis cette fois-ci.
C’est ce qu’a révélé hier le Financial Times. Tout ça à cause de 10 milliards d’euros de subventions supplémentaires que l’Allemand récupérerait des autorités américaines en contrepartie de son installation là-bas.
C’est un nouvel épisode de la guerre des subventions que se livrent l’Europe et l’Amérique. Il y en a désormais un par semaine. Le dernier en date, c’était le géant des semi-conducteurs Intel, qui avait annoncé une implantation importante à Magdeburg, sur les rives de l’Elbe, en Saxe. Le voilà qui demande désormais 4 à 5 milliards de dollars supplémentaires de subventions, selon l’agence Bloomberg, à cause de la surenchère des États-Unis et du coût de l’énergie en Europe, beaucoup plus élevé que prévu depuis la guerre d’Ukraine. Peu avant, c’était un autre fabricant européen de batterie, NorthVolt, un Suédois, qui reconsidérait ses projets en Europe après avoir évalué à 8 milliards la différence de subventions de part et d’autre de l’Atlantique. En faveur des États-Unis bien sûr.
Si on dit les choses
comme elles sont, on est en train de se faire dépouiller. L’Amérique déploie 370 milliards
de dollars de subventions, pour accélérer l’installation sur son sol de tout ce
qui est "industrie propre", voitures électriques et énergies renouvelables.
Du
coup, elle est en train d’aspirer littéralement les usines européennes en
projet, en leur offrant des conditions ultra-compétitives, tout en mettant en
place un sévère protectionnisme commercial. J’avais déjà utilisé la formule sur
ce plateau, je la reprends : c’est une sorte de plan Marshall à l’envers qui,
au lieu d’aider l’Europe, la pénalise.
Mardi prochain, Bruxelles dévoilera son plan pour répondre aux mesures américaines. Des subventions, mais y en aura-t-il autant qu’en Amérique ? Et une mesure qui permettrait, enfin, on attend ça depuis des années, de privilégier les produits européens en Europe. Mais ce n’est pas encore fait. Dans l’intervalle, Ursula Van der Leyen, la présidente de l’Europe, est à Washington aujourd’hui même, pour rencontrer Biden, et tenter de lui arracher des concessions. De façon à ce que, au moins, les voitures exportées par l’Europe aux États-Unis ne soient pas pénalisées. Le problème, c’est que les États-Unis vont sans doute demander des contreparties.
Il pourrait s’agir de réduire de façon drastique les exportations de
technologie que fait l’Europe dans l’Empire du Milieu. En travaillant à se
désengager de la dépendance vis-à-vis de Pékin sur les métaux rares. On n’a
rien sans rien. Si l’Europe veut constituer une sorte de zone commerciale
occidentale, qui associerait les deux rives de l’Atlantique, il va falloir
qu’elle reprenne à son compte les querelles de l’Amérique, en faisant siens et
ses ennemis, et ses amis. L’ère du doux commerce universel est bien terminée.
La guerre économique et stratégique mondiale est en train de s’intensifier.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.