La bourse de Paris a encore franchi en séance un record, passant brièvement au-dessus de 7.400 points. Le contraste est saisissant entre la situation économique réelle de la France, qui reste incertaine, et les performances des grandes entreprises cotées. Ça s’explique d’abord parce qu’elles sont mondialisées.
La France et l’Europe, plombées par le prix de l’énergie, ne
comptent plus que pour une faction de leur chiffre d’affaires. Or, ailleurs, ça
va plutôt pas mal : les États-Unis sont en croissance, la Chine redémarre,
l’Inde est à +9%. Quand on a les voiles déployées, on prend le vent du
large.
Le secteur roi, c’est le luxe. Son poids est devenu tellement
important dans l’indice français, que le CAC est désormais devenu quasiment un
indice sectoriel, qui évolue en fonction de la conjoncture du luxe. Le luxe
compte pour 36% du CAC… Avec LVMH à plus de 17%, L’Oréal et Hermès environ à 8%
chacun, c’est énorme. Or, le climat économique du luxe est excellent, grâce à
la réouverture de la Chine après le Covid.
Les marchés financiers étaient inquiets à cause de
la remontée des taux d’intérêt. Parce qu’en principe, des taux élevés, c’est moins de
profits. Mais ce n’est pas du tout ce qui se passe cette fois-ci. Les bénéfices
sont au zénith. Et dès qu’un banquier central – ce sont eux qui décident des
taux d’intérêt dans le monde – dit vouloir ralentir le rythme de la hausse, les
marchés s’enflamment, ils décollent sur un seul mot. C’est ce qui s’est passé
hier.
À l’instant T, il y a parfois des aberrations. C’est ce qui
explique les corrections, les chutes brutales des cours, qui sont autant de
retour à la réalité. Mais sur très longue période, la bourse reflète quand même
les fondamentaux d’une économie.
Crédit Suisse vient de publier une étude qui a
calculé le rendement des actions depuis 1900. Donc une période qui a traversé
deux guerres et la grande crise des années 1930. Et bien les actions françaises
ont rapporté en moyenne 3,4% par an, inflation déduite, sur cette période de
120 ans. Et ce n’est que la 17ᵉ performance des marchés mondiaux.
L’Afrique du Sud et l’Australie ont la bourse la plus rentable sur un siècle, entre 6 et 7% par an. Wall Street, aux États-Unis, est le troisième marché le plus performant sur le siècle, avec 6,4% annuels. Ce qui est également intéressant, c’est de constater les évolutions du poids de tel ou tel pays dans la capitalisation mondiale. En 1900, la bourse française comptait pour 11% des marchés mondiaux, ce n’est plus que 3% aujourd’hui.
Le Royaume-Uni, à l’époque première puissance mondiale, est
passé de 24% à 4% seulement ! Tous les pays occidentaux ont connu un déclin
marqué, à l’exception des États-Unis, grâce à sa fulgurante accélération
économique lors du 20ᵉ siècle. En 1900, l’Amérique comptait pour 15% des marchés
mondiaux, elle est aujourd’hui à 58 %. À l’inverse, l’Autriche-Hongrie comptait
pour 5% en 1900, c’est moins de 1% aujourd’hui. La succession des empires se
voit aussi dans les cours de bourse.
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