Il y a un phénomène qui commence à perturber le secteur de l'immobilier, c'est le diagnostic de performance énergétique (DPE). Ce DPE est devenu depuis janvier le baromètre de l'immobilier quand on veut vendre ou louer un appartement. On en réalise près de 500.000 par trimestre.
Objectif : sortir petit à petit les passoires thermiques du parc locatif français. On estime qu'il y en a un peu plus de 5 millions en France. Quand vous obtenez une note de F ou G lors du diagnostic, vous ne pouvez plus augmenter le loyer du logement que vous louez. En 2025, il sera impossible de louer un logement noté G. Puis F en 2028 et enfin E en 2034.
Les propriétaires de logements F ou G commencent à mettre leurs biens en vente pour éviter d'avoir à faire des travaux dedans. Le courtier Pretto (cité par le journal Les Echos), a constaté que la part de passoires thermiques mises en vente est passée de 15% des dossiers fin 2022 à 17% au premier trimestre 2023.
Selon la FNAIM, la part de biens classés D est de 33%, c'est 22% pour les logements classés E, 10% pour les F et 7% pour les G. Autrement dit, les 3/4 de nos habitations sont mal classées et si vous vivez dans une maison chauffée au fioul ou si vous êtes dans un studio de moins de 30 mètres carrés, vous avez beaucoup plus de risque que les autres d'être classé F ou G.
Selon l'observatoire Guy Hoquet l'Immobilier, en mai, il y avait près d'un quart des logements parisiens en F ou G. Ça concernait 19% des habitations à Troyes, 18% au Havre et 15,8% à Dijon. Ces biens sont vendus moins cher car il y a une décote. Selon Les Notaires, un bien perd 5% à chaque note inférieure à D. Donc, un studio classé F vaut 20% de moins que son équivalent qui a la note C.
Le prix de vente va certes baisser mais vous allez devoir financer les travaux. Et, potentiellement, vous revendrez plus cher ensuite.
Selon le site Hellio, il faut prévoir 40 à 60.000 euros de travaux sur une maison si vous changez le chauffage et l'isolation des murs ou du toit afin de revenir à une note A, B ou C. L'ardoise s'élève à 25 ou 30.000 euros pour une copropriété.
Ça risque donc de décourager un certain nombre de propriétaires d'investir dans la pierre. Les investisseurs pourront trouver d'autres placements plus rentables comme la bourse. Surtout qu'on supprime aussi le programme Pinel qui permet de défiscaliser une partie de son investissement.
Mais il n'y a pas le choix : il faut isoler nos maisons si on veut économiser de l'énergie, créer des emplois dans ce secteur du bâtiment, éviter de construire toujours plus de logements neufs et protéger les locataires les plus précaires. À terme, ça redonnera de la valeur aux bâtiments. L'immobilier est un investissement de long terme.