Le Haut Conseil des finances publiques a rendu hier son avis sur le
projet de réforme des retraites. Ce Haut conseil vient en effet d’évaluer l’impact
de cette réforme sur les finances publiques en 2023. C’est son rôle, c’est un
comité des sages, indépendant, composé d’experts budgétaires et économiques, il
est présidé par le patron de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici. Et voilà
qu’il nous donne une information surprenante, la réforme va en fait coûter de
l’argent au contribuable cette année : 400 millions d’euros.
Cette réforme devrait s’appliquer au 1er septembre. Elle ne touchera donc, en 2023, que
50 000 personnes, qui vont retarder d’un trimestre leur départ à la retraite.
Cela économise donc, pour le système, quelque 200 millions de prestations non
versées, et cela va faire rentrer aussi des queues de cerises de cotisations
supplémentaires. Mais dans le même temps, d’autres mesures prévues par la
réforme vont s’appliquer, des dépenses cette fois-ci, toujours à partir de
septembre. L’augmentation du minimum contributif, la retraite minimum pour les
carrières complètes notamment. Au total, ce sont 600 millions d’euros de
dépenses supplémentaires qui vont intervenir. 600 millions de dépenses, 200
millions d’économies, ça fait un coût net de 400 millions en 2023.
Le Haut Conseil ne se prononce pas, faute,
dit-il, d’éléments suffisants apportés par le gouvernement. On attend en fait
l’étude d’impact financier, qui devrait être fournie bientôt aux
parlementaires. Si l’on se fie à l’exécutif, dès l’année prochaine, il y aura
plus d’économies que de dépenses nouvelles. La réforme va donc rapporter, un
peu, en 2024. Et ça va augmenter. En 2030, après la montée en puissance
progressive de la réforme, le régime devrait encaisser 17 milliards d’euros de
plus par an, auxquels il faudra soustraire 5 milliards de mesures de
redistribution, le minimum contributif etc. En net, donc, 12 milliards. Mais
tout cela peut changer, tout cela va probablement changer.
Les manifestations de jeudi étaient puissantes.
Si elles se répètent le 31, il va falloir lâcher du lest. Par exemple alléger
les contraintes de ceux qui devront cotiser, après la réforme, 44 ans. Sur la
pénibilité. Sur les avantages familiaux. C’est un grand classique. Un avantage
acquis ne supprime pas, disait Alain Madelin, il se rachète.
Il est probable que la réforme des retraites rapporte moins gros que prévu. Ce serait la conséquence du
choix présidentiel d’avoir privilégié le report de l’âge légal. Un chiffon
rouge pour tous les syndicats, parce que c’est en effet la mesure la plus
injuste, et Macron lui-même l’avait dit, il y a quelques années. Un chiffon
rouge social, ça déchaine les manifestations qu’il faut calmer, et pour cela,
il faut taper dans les caisses de l’état… Il est bien possible que les comptes
de nos régimes de retraites payent le prix du symbole politique que l’exécutif
a voulu afficher pour établir son image de réformateur sur ce sujet où il avait
jusqu’ici échoué.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.