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ÉDITO - La réforme des retraites est-elle juste ?

Plusieurs questions se posent après la présentation de la réforme des retraites, amorcée par l'exécutif ce mardi 10 janvier. Viabilité, équilibre, marges de manœuvre du gouvernement… François Lenglet fait le point sur le projet.

Élisabeth Borne, le 23 juin 2022.
Élisabeth Borne, le 23 juin 2022.
Crédit : THOMAS COEX / AFP / POOL
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Alors que le gouvernement a débuté ce mardi la présentation de son texte aux Français et aux élus, trois questions simples se posent sur cette réforme des retraites tant décriée. La première : ce projet est-il efficace pour garantir l’avenir de nos retraites ? Oui, car il va ramener une douzaine de milliards d’euros supplémentaires dans les caisses, ce qui permet de garantir le système jusqu’en 2030.

Il s’agit de combler l’écart entre le nombre de cotisants et celui des retraités, écart croissant, et les mesures prises suffisent pour cette période. Pourquoi 2030 ? Parce qu'après, on n’en sait rien. La réforme définitive n’existe pas. C'est la 6ème réforme depuis 1993, avec un projet présenté tous les cinq ans en moyenne.

Deuxième question : est-ce qu’elle est juste ? La réforme est en tout cas assez équilibrée, par ce qu’elle utilise les deux outils : durée de cotisation augmentée jusqu’à 43 ans, et report de l’âge légal de départ jusqu’à 64 ans. Le premier levier affecte plutôt ceux qui ont commencé à travailler tard, le second plutôt ceux qui ont commencé à travailler tôt : chacun paye sa part. Autre élément, il y a une part de redistribution importante

En réalité, la réforme rapporte non pas 12, mais 17 milliards. 12 partent donc pour combler le déficit, et les 5 autres sont redistribués, en particulier aux retraités modestes, ceux qui ont fait une carrière complète et qui verront leurs pensions améliorées. Au niveau du smic, le taux de remplacement est de 80% pour la retraite nette, un chiffre unique au monde

Peut-on éviter le risque d'explosion sociale ?

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La réponse est non. Un mouvement unitaire est d'ores et déjà annoncé la semaine prochaine, le 19 janvier. Car deux ans de carrière en plus, ce n’est pas rien, même avec les amortisseurs carrière longue et pénibilité qui sont mis en place. Il faut rappeler toutefois qu’on l’a déjà fait, en 2010.

Au-delà de cela, deux irritants majeurs se profilent. Le premier est justement le dispositif inventé pour prendre en compte la pénibilité du travail. Un sujet épouvantable, précédent de la réforme Touraine : 8 critères, parmi lesquels il fallait mesurer de combien de degrés on se penchait, ce qui donnait lieu à des points… Un cauchemar pour les chefs d’entreprise.

Cette fois, on repère les métiers à risque, en fonction des statistiques d’accidents du travail. Tous les salariés se voient convoqués à 45 ans par le médecin du travail, qui les suit à partir de là, et préconise ou non une retraite anticipée. Mais la médecine du travail reste désargentée, il va donc falloir recruter. On n’a pas de médecins, et il faut des années. Ce qui n’est pas très vraisemblable.

Quid des régimes spéciaux ?

C’est bien-sûr le second irritant. Ils sont tous supprimés dès septembre prochain, sauf pour les marins, l'Opéra et la Comédie française. À compter de septembre, tout nouveau recruté à EDF ou à la RATP sera donc au régime de droit commun. 

Reste que les salariés actuels, s’ils conservent leur régime spécial, devront quand même partir deux ans plus tard. Un conducteur de train partait à 52 ans, ce serait désormais 54.
Un point de crispation très important. Mais le gouvernement conserve des marges de négociation, avec la mise au point du calendrier de convergence de ces statuts spéciaux avec le régime commun.

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