Parmi les nouveaux chiffres de la hausse des prix révélés ce lundi 30 mai dans la zone euro, on attend par exemple l’indicateur allemand aux alentours de +8%, ce serait le plus élevé depuis 40 ans. Mardi matin, c’est la France qui devrait approcher les 5%, et la zone euro suivra. Elle devrait dépasser les 7,5% de hausse des prix sur un an. Rappelons que la différence entre la France et les pays voisins s’explique par l’intervention de l’État, qui chez nous prend à sa charge en gros trois points d’inflation, en ayant bloqué les prix du gaz et de l’électricité et en réduisant les taxes sur le carburant.
N’attendons pas de baisse pour tout de suite. Il est tout à fait possible que l’inflation reste élevée de façon durable. C’est vrai, la plupart des spécialistes attribuent le phénomène aux tensions sur les marchés de l’énergie, tensions consécutives à la guerre d’Ukraine, et à d’autres pénuries, provenant du Covid-19 notamment. Mais il ne s’agit peut-être que de déclencheurs, alors que de puissants moteurs pour l’inflation se sont mis en route, de façon silencieuse.
La guerre en Ukraine n'est pas la seule raison de cette inflation. En réalité, c’est le ralentissement de la mondialisation qui change la donne. Ralentissement qui s’explique par le retour du risque géopolitique, la guerre en Ukraine bien sûr, mais aussi les tensions croissantes entre la Chine et les États-Unis, le retour du nationalisme et du souverainisme économique un peu partout. Pendant 40 ans, les produits ont circulé sans entraves sur un grand marché mondial, quasiment sans droits de douane, sans problèmes de transport. Comme des boules de billard sur un tapis vert. C’est ça qui avait tué l’inflation, c’est ça qui se termine aujourd’hui.
Avec la mondialisation, les entreprises ont fait fabriquer à des endroits où c’était
le moins cher, avec les délocalisations. Le développement incroyable des
échanges commerciaux – ils progressaient deux fois plus vite que l’activité – a
donc fait baisser les prix des produits industriels, du lave-linge aux
vêtements, en passant par les meubles. Et c’est ça qui est aujourd’hui remis en
cause, parce que les entreprises sont en train de rapprocher leurs chaînes
d’approvisionnement, voire de relocaliser au niveau d’un continent. Par crainte
des pénuries, des conflits, des sanctions comme celles qui frappent la Russie.
Par crainte d’un monde moins sûr qu’avant.
Cela suffit à relancer la hausse des prix pour les années qui viennent même si, à dire vrai, un autre changement puissant débute en même temps. Le vieillissement démographique, qui s’accélère chez nous et surtout en Asie, en Chine en particulier. La population en âge de travailler dans les plus grandes économies de la planète commence à se contracter, avec la retraite des baby-boomers.
Le travail va devenir plus rare,
il va donc être plus cher. Les salaires vont augmenter, après plusieurs
décennies où ils étaient au contraire sous pression, à cause de la concurrence
des délocalisations. C’est un facteur d’inflation. Là encore, le balancier
s’inverse. Là encore, il pointe vers un monde inflationniste. On n’a pas fini
de voir grimper les indices des prix.
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