Emmanuel Macron se rend mardi 13 juin en Ardèche, avec le projet de relancer la fabrication française de médicaments. Le président de la République va visiter une usine des laboratoires Aguettant, qui fabrique des seringues préremplies de produits anesthésiques. Il devrait y prononcer un discours sur la souveraineté sanitaire française, une souveraineté quelque peu malmenée par les pénuries récurrentes de certains médicaments, comme les antibiotiques, l’amoxicilline, des antiviraux ou encore des anticancéreux. 3.500 risques de rupture d’approvisionnement ont été signalés en 2022, soit une augmentation de 62% par rapport à l’année précédente.
Pour se prémunir contre les pénuries, une liste de 280 médicaments essentiels a été définie afin de constituer des stocks de plusieurs mois de consommation. Et on organise aussi des filières d’approvisionnement, il faut évidemment le faire au plan européen, sur le modèle de ce qui a été mis en œuvre pour les vaccins anti-Covid. Mais il faut aussi s’organiser pour produire davantage en France.
Si, mais le bilan est décevant jusqu’ici. On a bien mis en route une usine de doliprane, mais les principes actifs restent largement fabriqués à l’étranger, en Chine principalement. Nous avons peu à peu perdu le contrôle de la fabrication des molécules de base, pour partie pour des raisons de coût, de réglementation et d’environnement. Et comme les médicaments les plus courants sont souvent aussi les plus anciens, ils sont vendus peu cher, et ce n’est pas incitatif pour la relocalisation.
C’est le grand argument des labos français : la sécurité sociale fixe trop bas le prix des médicaments, elle a même fait de l’industrie pharmaceutique la variable d’ajustement de la politique de limitation des dépenses de santé, disent-ils. Les industriels se plaignent aussi de façon récurrente des taxes frappant le secteur. En particulier de la fameuse "clause de sauvegarde", qui leur impose de restituer à l’état une partie de leur chiffre d’affaires lorsque la consommation de tel ou tel produit dépasse les prévisions.
Ça coûte plus cher de fabriquer en France qu’en Chine.
Mais c’est vrai que les laboratoires pharmaceutiques sont plutôt en bonne santé. Au ministère de la Santé, on récuse d’ailleurs l’idée que la France vendrait ses médicaments moins chers car, explique-t-on, le vrai prix du médicament à l’étranger est très difficile à connaître, après les remises et réductions. La controverse souligne une vérité désagréable : il ne va pas être facile de concilier maîtrise des dépenses et relocalisations. Parce que ça coûte plus cher de fabriquer en France qu’en Chine.
Elle dégage quand même l’un de nos rares excédents commerciaux industriels, et emploie quelque 130.000 personnes, ce n’est pas rien. La France a une vraie tradition industrielle pharmaceutique, qui a été mise à mal par les délocalisations et le manque de compétitivité fiscale et réglementaire de notre pays. Le LEEM, l’organisme qui regroupe les industriels, constate ainsi que sur les 404 nouveaux médicaments autorisés en Europe ces dernières années, 33 seulement sont produits en France, contre 82 en Allemagne, 68 au Royaume-Uni et 62 en Irlande. C’est donc un vrai chantier qui attend le président aujourd’hui.
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