Elisabeth Borne va présenter son plan en faveur du logement, lundi 5 juin, avec notamment la fin du Pinel, un dispositif qui permet de défiscaliser une partie des sommes qu'on rembourse : ça coute très cher à l'État. C'est la première fois depuis 40 ans qu'il n'y a plus un produit de ce type proposé aux contribuables.
Le Pinel encourage la construction neuve et aujourd'hui, on a un problème de stock. Parmi les mesures annoncées, on va demander à Action Logement et à la CDC Habitat, donc à l'État, de prendre à leur charge 47.000 logements invendus. À eux de trouver des occupants.
Les mises en chantier se cassent la figure, les ventes de logements collectifs aussi (-46% par rapport à 2019). Il faut gérer le parc qui est déjà sorti de sol avant d'encourager de nouvelles constructions. Il s'agit d'une crise, qu'on avait vue venir. Sauf au gouvernement où la question immobilière n'a jamais passionné Emmanuel Macron qui considère que c'est une rente et un problème de riches.
La crise est là, parce que les prêts sont difficiles à obtenir : le gouvernement va donc élargir la garantie Visale où l'État se porte caution auprès des propriétaires en cas de loyers impayés. Ça concerne 1 million de personnes, l'idée est de monter à 2,5 millions.
Le ralentissement des constructions va créer une crise dans le bâtiment. Une autre mesure inquiète : la réforme du Prêt à Taux Zéro (PTZ). Il était réservé aux ménages modestes pour acquérir une maison neuve. Désormais, ce sera uniquement réservé aux appartements, en zone tendue et ailleurs, ce sera uniquement s'il y a un projet de rénovation thermique.
La Fédération Française des Constructeurs de Maisons Individuelles est hors d'elle. "La maison individuelle neuve est réservée aux plus riches. L'achat d’une maison à rénover accompagné de travaux d’ampleur est un budget largement supérieur à l’achat d’une maison neuve !", a-t-elle écrit dans un communiqué, dimanche 4 juin.
La Fédération Française du Bâtiment estime que 100.000 emplois sont menacés dans les deux ans qui viennent. C'est le temps qu'il faut pour construire un programme immobilier. Le gouvernement n'avait pas anticipé cette crise, car le monde de l'immobilier a énormément bougé en quelques années.
Pendant et après le COVID, on a pensé que les urbains allaient tous partir à la campagne. Il y a eu un petit phénomène qui a fait grimper les prix en régions. Ensuite, il y a eu la remontée très rapide des taux qui a sorti une partie des acheteurs potentiels.
Désormais, des villes comme Dunkerque, où on annonce des gigafactories de batteries, vont attirer du monde alors que le parc immobilier n'est pas prêt, et d'autres zones se vident. On va aussi s'attaquer aux propriétaires qui font du Airbnb pour décourager les locations de courte durée au profit des locations à l'année.