ÉDITO - Censure du gouvernement Barnier : quelle est la situation sur les marchés financiers ?

Des "turbulences graves" sur les marchés financiers ? Avec la crise politique et la censure du gouvernement Barnier, une catastrophe était annoncée. Et pourtant, il ne se passe rien. Les performances du CAC 40 sont bonnes. L'indice parisien est en hausse de 2,1% sur cinq jours, c'est-à-dire depuis qu'on a appris que le gouvernement Barnier ne passerait pas la semaine. 

Les alliés du gouvernement Barnier ont sûrement un peu exagéré et dramatisé les choses. C'est la preuve qu'on ne connaît pas bien le fonctionnement des marchés d'actions. La bourse, c'est l'art de l'anticipation. Vous gagnez de l'argent si vous arrivez à prévoir l'avenir, c'est "Irma la bourse". Les marchés financiers avaient déjà intégré ce risque, il y a quelques mois.

La baisse a déjà eu lieu, quand on y faisait moins attention. En réalité, la chute liée au contexte politique date du 8 juillet, au moment de la dissolution. À ce moment-là, le CAC a enchaîné des séances dans le rouge. 

L'indice a perdu 10% depuis cette date. Les traders se sont débarrassés des titres qui étaient trop dépendants du marché français comme Vinci, Carrefour, Orange ou le secteur bancaire qui risque de pâtir des hausses de taux liées aux investisseurs qui vont considérer que la France est un marché plus risqué qu'avant.

Le CAC 40 est-il insensible à la situation politique ?

Les entreprises qui composent l'indice sont des multinationales qui réalisent 75% de leur activité en dehors de la France. Donc, le CAC est autant impacté par l'élection de Donald Trump ou les difficultés en Chine que par la censure à l'Assemblée nationale. Mais il faut dézoomer pour évaluer le vrai risque.
 
Si on prend du recul, on voit que la situation politique nous affaiblit quand même. D'abord, le CAC réalise la plus mauvaise performance boursière de tous les grands indices mondiaux. Le DAX allemand et le Dow Jones à New York sont en hausse de 20% depuis janvier. Le CAC est en baisse de 3,18%. La France est beaucoup moins compétitive que les autres.

On emprunte au même prix que les Grecs. Les investisseurs font de moins en moins confiance à la France. En réalité, c'est maintenant que le pays risque de décrocher. Les investisseurs vont commencer à vendre. C'est le vieil adage boursier qui dit : "acheter au son du canon et vendre au son du clairon".

Si vous voulez gagner de l'argent à la bourse, vous achetez au moment des mauvaises nouvelles, quand le risque se réalise (le coup de canon), c'est ce qu'ils ont fait au moment de la censure. Et vous vendez quand la situation se calme et se stabilise (le clairon). Résultat, ils vont vendre quand on aura un gouvernement. 

Le cours des actions sera au plus haut avant une nouvelle descente si les batailles de chiffonniers reprennent à l'Assemblée. D'ailleurs, un indice : Moody's et Standard & Poor's ont indiqué, jeudi 5 décembre, que la situation française était préoccupante. Une dégradation pourrait pointer le bout de son nez.