Droits de douane : vins, automobile, médicaments... Quelles conséquences pour les produits français ?
Ce mercredi 2 avril, Donald Trump a annoncé des droits de douane à hauteur de 20% à l'encontre de l'Union européenne. Selon les secteurs, ce taux n'est pas forcément le même.
La sanction est tombée. Les États-Unis vont taxer les produits européens à hauteur de 20% quand ils arrivent chez eux. On ne sait pas précisément comment ce taux a été déterminé. Pourtant, cela semblait cohérent quand on suivait la conférence de presse de Donald Trump ce mercredi 2 avril.
L'image qui va rester de cette prise de parole, c'est Donald Trump avec son immense ardoise comme un serveur de brasserie parisienne qui détaille les différents taux qui vont s'appliquer pays par pays à partir du 9 avril. Le Président américain explique notamment qu'en France les produits américains sont actuellement taxés à 39%. Il va donc appliquer des droits réciproques avec un geste commercial de 50%, "parce qu'il est gentil", ce qui nous amène à 20% de taxe.
L'origine de ce taux de 39% est inconnu. Les économistes ou les membres du ministère du Commerce extérieur ne savent pas d'où sort précisément ce chiffre. On suppose que Donald Trump intègre la TVA à 20% chez nous pour la plupart des produits et le coût de normes administratives, techniques, environnementales pour arriver à un tel chiffre.
Une chute de 20% des bouteilles de vin vendues aux États-Unis
Ces droits de douane vont toucher plusieurs familles de produits en France. Le luxe, les vins et spiritueux, les cosmétiques passent par exemple à 20% de taxes. Jusqu'à maintenant, une bouteille de vin était taxée à 2%. Si elle valait 20 euros au départ de France, elle était facturée 20€40 à son arrivée aux États-Unis. Désormais, elle vaudra 24 euros.
La différence est importante sachant que les États-Unis absorbent un quart des exportations de vins et spiritueux français. Ils s'attendent à une chute de 20% des volumes vendus là-bas. C'est dur mais il y a aussi une forme de soulagement. On sait maintenant quelles sont les règles du jeu, même si elles peuvent changer d'un jour sur l'autre avec Donald Trump, et on échappe à ce stade à la menace d'une taxe à 200% évoquée il y a quelques jours.
Automobile, aéronautique, médicaments... Des secteurs taxés différemment
D'autres produits français vont subir des taxes différentes. L'automobile sera taxée à 25%. Cela va surtout concerner Stellantis, l'ex-Peugeot Citroën, qui possède les marques Chrysler, Fiat, RAM aux États-Unis. Le calcul sera très compliqué car les taxent touchent les voitures mais aussi les pièces détachées. Par exemple, le petit bouton qui sert à avancer et reculer le siège du conducteur passe sept fois la frontière au cours de la fabrication d'un modèle. Comment sera-t-il taxé ? On ne le sait pas encore.
Restent aussi des productions comme l'aéronautique. Il y aura des conséquences mais Airbus a des usines aux États-Unis et va sans doute les privilégier pour alimenter le marché américain. Les médicaments, grosse production européenne et français, bénéficieront d'un taux réduit, sans doute 10% puisque c'est le taux minimal. Ils seront donc moins touchés.
Comment l'Europe peut-elle répliquer ?
Ursula Von der Leyen, la présidente de la Commission européenne a annoncé ce jeudi 3 avril que les Européens sont prêts à répondre. Emmanuel Macron va par ailleurs réunir ce jeudi 3 avril à 16h à l'Élysée les "représentants des filières impactées".
La chance que l'on a, c'est que Donald Trump nous met tous dans le même panier de taxes. En 2018, il avait joué la division en taxant plus le champagne que le Prosecco italien par exemple. Là, ce n'est pas le cas. Cela donne donc une chance à l'Europe de jouer collectif face au Président américain.
Il va désormais falloir choisir les produits que nous surtaxons. Il y a cinq ans, on avait choisi quelques symboles : les Harley Davidson, le Bourbon et le jus d'orange de Floride. On a aucun intérêt à tout taxer de façon uniforme car cela créerait de l'inflation. C'est précisément ce que les décisions de Donald Trump vont provoquer aux États-Unis. L'Europe s'est donnée jusqu'au 12 avril pour répondre.
