Après l'affaire Sanofi, Emmanuel Macron a fait jeudi 14
mai de surprenantes déclarations... Les vaccins sont un bien public
mondial, a déclaré le président, il faut les extraire des lois du marché. Il
s'agissait d'une réaction à la polémique sur le vaccin de notre géant
pharmaceutique national, Sanofi.
Le patron de cette entreprise, le britannique Paul
Hudson, avait en effet déclaré, selon l'agence Bloomberg, que les États-Unis seraient prioritaires pour bénéficier du vaccin contre le coronavirus, parce
qu'une agence fédérale américaine avait contribué au financement des recherches
pour élaborer ce produit.
Jeudi 14 mai, au soir, le président de Sanofi, Serge Weinberg, a
corrigé les propos du directeur général, en expliquant que les Américains ne
seraient en rien avantagés, sinon pour la production faite aux États-Unis. Mais
l'affaire a déclenché un nouvel accès de nationalisme pharmaceutique.
Sur le fond, l'idée que les vaccins soient accessibles à tous est plutôt bonne... Sans doute. Le problème, c'est que le développement d'un vaccin nécessite des investissements considérables, on est au-delà du milliard d'euros, sans certitude de passer les nombreuses haies. Il faut bien que quelqu'un engage cet argent. Et s'il l'engage, il va vouloir le retrouver, avec une rémunération, ou bien avoir un avantage en termes d'approvisionnement, s'il est public. Les investisseurs, privés ou publics, comme leur nom l'indique, prêtent leur argent, mais pas sans conditions.
Et pourquoi ne pas confier la fabrication à l'État ? Mais est-ce que c'est vraiment la bonne idée ? Regardez ce qui s'est passé pour les masques, dont l'État s'occupait et qui sont restés introuvables jusqu'à ce que la grande distribution soit autorisée à s'en mêler. Là où la puissance publique avait échoué, les acheteurs de Carrefour ou d'Intermarché ont réussi en un tournemain. Ou même, hier, la prime des soignants, que l'État ne parvient pas à verser fin mai et décale à juin... Si l'État se met à fabriquer des vaccins, on n'est pas près d'être protégés.
En revanche, il y a des partenariats possibles entre l'État et les industriels comme Sanofi, qui ont l'expertise non seulement pour la
recherche, mais pour l'industrialisation des vaccins. C'est exactement ce
qu'ont fait les États-Unis, avec la fameuse Barda, une agence fédérale
publique, la Biomedical Advanced Research Development Authority, qui contribue
au financement des programmes de vaccins.
C'est elle qui avait financé Sanofi pour le vaccin
anti-covid, à hauteur de 400 millions, pour sécuriser l'approvisionnement
américain au cas où le vaccin serait efficace. Elle l'a fait d'ailleurs aussi
avec d'autres entreprises, l'américain Johnson and Johnson notamment. Comme
l'investissement est incertain, c'est l'État qui l'initie, en faisant appel aux
compétences là où elles sont, dans les entreprises. En contrepartie du
financement initial, la Barda peut demander la production sur le sol américain
et des prix faibles pour le vaccin, afin qu'il soit diffusé largement. Ce n'est
pas si bête, ça fait des emplois, et des anticorps pour le même prix.
En Europe, il n’y a rien de comparable. Les dirigeants de Sanofi avaient alerté, à plusieurs reprises durant le printemps, sur notre retard. Alors, peut-être l'affaire Sanofi va t-elle réveiller l'Europe, et lui faire prendre conscience qu'il se déroule une guerre mondiale du vaccin. Et que les autres pays ne sont pas des enfants de cœur, tous les coups sont permis. Et que ça n'est pas en vociférant contre le marché et les intérêts financiers qu'on va protéger les Français contre les virus. Dans une guerre, il faut se défendre. Avec des milliards, des cerveaux et des laboratoires. Faute de cela, nous resterons dépendants de la Chine ou des États-Unis alors que le français Sanofi est l'un des géants pharmaceutiques mondiaux.
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