Les conséquences de l’épidémie de coronavirus sur l'activité sont redoutées. On va très probablement déclencher des plans de relance dans tous les pays touchés. Et c'est l'Italie qui a commencé ce week-end avec presque 5 milliards d'euros annoncés pour alléger les impôts des entreprises, au moins celles qui ont perdu 25% de leur chiffre d'affaires.
L'Italie a également annoncé de l'argent pour le système de santé. Rome va d'ailleurs demander à Bruxelles l'autorisation de creuser son déficit. Le pays étant déjà au bord de la récession avant l'épidémie, il y a des doutes quant à la validation de cette requête.
La Corée du Sud, l'un des pays les plus touchés par le coronavirus après la Chine, a fait la même chose. Tout comme la Chine elle-même. D'ailleurs, ce lundi 2 mars, les actions à Shenzhen et à Shanghai rebondissent, justement dans l'attente d'un tel plan.
Il y a plusieurs questions. D'abord, la psychologie du consommateur. Si on baisse mes impôts, est-ce que je vais pour autant aller faire mes courses alors que j'ai peur d'attraper la maladie ? Ce n'est pas évident. La relance de la demande ne soigne pas la peur de la contagion.
Quelles sont la profondeur et la durée du choc d'offre ? En rapport au fait que les chaines soient interrompues. Les dernières nouvelles de Chine, le pays le plus avancé dans la crise, ne sont pas très rassurantes. La production industrielle s'est littéralement effondrée en février. Les ventes de voitures, indicateur clé, ont plongé de 89% en février. Quant aux usines, elles ne reprennent que timidement et sont paralysées par le nombre de bras.
Jusqu'ici, on anticipait la reprise en V, avec une chute brutale puis une remontée tout aussi brutale. Mais la possibilité d'un U, avec un socle assez long, c'est-à-dire d'un ralentissement plus durable, ne peut pas être écartée. Mais ce n'est pas encore la chose la plus préoccupante.
Le vrai risque est celui de la complication financière. Les bourses mondiales ont perdu 12% la semaine dernière, ce n'est pas très grave étant donné que les cours étaient anormalement élevés. Le vrai problème est qu'un certain nombre d'investisseurs se sont endettés pour acheter des titres.
Quand les cours chutent, ces investisseurs doivent rembourser. Et ils n'ont pas l'argent. Ils sont donc contraints de vendre et font ainsi chuter davantage les cours. C'est la mécanique de 2008. Et c'est la même chose dans l'économie réelle.
Exactement comme en 2008, il y a des entreprises surendettées, à cause du faible prix de l'argent. Puis un ralentissement va les mettre en difficulté et les empêcher de rembourser leurs échéances. En Chine, on estime qu'il y aurait déjà des centaines de milliards de dollars de prêt non remboursés à cause du virus et cela peut s'étendre.
On pourrait être dans une situation très sérieuse sur le plan économique. L'épidémie est en train d'affaiblir une économie mondiale qui est gorgée de dettes. Dettes accumulées pour tenter d'effacer les symptômes de la précédente crise financière en 2008, en particulier des dettes dans les entreprises. Or, trop de dettes, c'est toujours un krach boursier si l'on s'en tient à l'histoire économique.
Le principal risque de l'épidémie est qu'elle révèle la faiblesse sous-jacente de l'économie mondiale. Il faudrait alors une action massive des banques centrales pour contrer, non pas les effets du virus, mais les vulnérabilités qu'il a révélé. La banque du Japon a d'ailleurs commencé ce lundi 2 mars en annonçant des mesures exceptionnelles.