Qu'il s'agisse de produits alimentaires, d'hygiène ou de beauté, le bio a perdu de son attractivité. Le label reconnaissable par les lettres "AB" est en mauvaise posture depuis quelques années. En grande surface, le poids du bio est tombé sous la barre de 4% alors qu'il se situait au-delà de 5% en 2020. L'offre de produits bio a diminué de quasiment 11%, tout secteur confondu.
De son côté, la vente directe en circuit-court, échappe à la mauvaise conjoncture économique et a ainsi augmenté de 3% cette année. Si les consommateurs ont toujours l'envie de mieux consommer en réduisant leur impact environnemental, alors pourquoi le bio est-il à ce point en crise ? Philippe Camburet, président de la Fédération nationale de l'agriculture bio (FNAB) et Karine Sanouillet, spécialiste de la grande distribution, ont répondu à RTL.
L'inflation serait la première responsable de la baisse de consommation des produits biologiques. Face à la hausse des prix, les personnes habituées à consommer une partie de leurs produits en bio ont décidé de se reporter sur les produits de grandes marques ou de premier prix.
Les produits bio "sont presque systématiquement assimilés à des produits dont les rapports qualité-prix reste à confirmer et des produits que l'on s'achète sous forme d'extra le plus souvent", explique Philippe Camburet, et "il n'y a pas plus de place pour les extra en période d'inflation", ajoute-t-il.
Pour se débarrasser d'une image "luxe" du bio, les associations de consommateurs ont plusieurs fois fait savoir qu'elles souhaitaient plus de transparence sur les marges pratiquées sur ces produits. "On sait bien qu'il y a des pratiques abusives en matière de marges dans la distribution", assure le président de la fédération qui appelle l'Observatoire de la formation des prix et des marges à se saisir du sujet.
Selon Karine Sanouillet, spécialiste de la grande distribution, les distributeurs n'appliquent pas "nécessairement" des marges plus élevées pour les produits bio : "ils ont augmenté à la même vitesse que le reste" pendant la vague inflationniste, rappelle-t-elle.
Si cette crise est en grande partie liée à l'inflation, Philippe Camburet assure que l'image du bio était déjà érodée en raison de la profusion de labels et d'allégations des distributeurs et des fabricants qui conduit à une perte de repères chez les consommateurs.
Karine Sanouillet, spécialiste de la grande distribution, confirme que certains labels, comme le label "haute valeur environnementale", peuvent entraîner "une certaine confusion" chez le consommateur qui finalement délaisserait le bio. D'autres allégations, comme le "naturel", qui ne sont pas des labels reconnus et contrôlés par l'institut national de l'origine et de la qualité (INAO), peuvent semer le doute.
Dans le même temps, la part des produits bio dans les rayons des supermarchés a diminué. L'offre de produits bio a ainsi baissé quasiment de 11%. "Depuis 2021, la grande distribution a favorisé le référencement des produits les moins chers dans tous les secteurs, au détriment de l'offre habituellement plus chère, notamment des produits bio", révèle Karine Sanouillet.
Les premiers à ressentir les effets de cette crise ont été les éleveurs : (élevage porcin, poules pondeuses, vaches laitières…) avec une baisse de consommation d'environ 30%. Les producteurs de céréales et autres sont, eux aussi, touchés par cette crise. Selon la FNAB, depuis la fin du mois d'août, il y a plus de fermes qui sortent du circuit bio que de fermes qui y rentrent : "2023 est l'année du recul du bio en France", évalue Philippe Camuret.
En plus de cette baisse de la consommation s'ajoute la baisse de l'aide environnementale de la PAC. Plus connue sous le nom "d'éco-régime", cette aide environnementale à destination des agriculteurs en difficulté a de nouveau fait l'objet d'une baisse au mois d'octobre 2023. Au lieu d'obtenir 110 euros par hectare et par an, les agriculteurs ne toucheront que 92 euros.
Pour Philippe Camburet, "la PAC n'est aujourd'hui pas à la hauteur pour encourager l'agriculture biologique". Dans le but de maintenir le bio à flot, la FNAB demande l'augmentation du fonds d'urgence destiné aux agriculteurs bio en difficulté.
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