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Carrefour : le gouvernement refuse le rachat de l'enseigne par Couche-tard

ÉDITO - L'État français s'oppose au rachat du groupe Carrefour par le groupe Canadien Couche-Tard.

Carrefour : le gouvernement refuse le rachat de l'enseigne par Couche-tard
Carrefour : le gouvernement refuse le rachat de l'enseigne par Couche-tard
Crédit : LOIC VENANCE / AFP
Carrefour : le gouvernement refuse le rachat de l'enseigne par Couche-tard
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François Lenglet - édité par Camille Guesdon
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Un groupe canadien veut racheter les hypermarchés Carrefour, mais l'Etat français se met en travers de cette décision. Ce groupe canadien est un groupe deux fois plus petit que le Français, mais bien plus profitable, qui fait l'essentiel de ses bénéfices avec des stations-service et ce qu'on appelle au Québec les "dépanneurs", c'est à dire les petites surfaces ouvertes jour et nuit et 7 jours sur 7. 

Ce groupe canadien est affublé d'un nom curieux : Alimentation Couche-tard. Et il approche en effet le groupe Carrefour, de façon amicale, en proposant de le racheter. C'est un incroyable retournement pour le Français, créé dans les années 1960 avec le premier hypermarché à Sainte Geneviève des Bois, qui n'avait cessé de grandir en rachetant bon nombre de ses concurrents français comme Euromarché, Continent, Champion et bien d'autres. Sans compter les développements et les acquisitions hors des frontières, qui l'avaient fait approcher de la place de N°1 mondial de la distribution. Il était racheteur, le voici devenu rachetable.

Cela signifie t-il que Carrefour va mal ?

Le groupe Carrefour est en pleine transformation. Il était centré sur les hypers, un format structurellement en baisse. Il était devenu cher pour le consommateur, ce qui est un comble. Il avait négligé le digital, le drive et tous ces nouveaux canaux demandés par le consommateur. Le voilà qui tente donc de revenir dans la course sur tous ces sujets, en développant, en plus, le bio. L'année 2020 a plutôt été bonne pour lui, alors que son cours de bourse, c'est à dire sa valeur, reste médiocre. Tous ces éléments en font une cible intéressante.

Quel serait l'intérêt d'une telle opération ?

Pour Carrefour, l'intérêt ne saute pas aux yeux. Dans le meilleur des cas, il aurait davantage de moyen pour se développer, étant la propriété d'un groupe prospère. Mais on ne peut pas dire que "Couche-tard" apporte dans la corbeille des atouts stratégiques importants. Il a fait son succès sur des métiers différents, et principalement en Amérique du Nord, où Carrefour n'est pas présent.

Mais qui va décider d'accepter ou non ce rachat ?

En bonne logique, ce sont les propriétaires actuels de Carrefour, qui peuvent dire "oui, non, ou bien oui mais plus cher". Le plus important de ces actionnaires est la famille propriétaire des Galeries Lafayette. A ses côtés, il y a le Groupe Arnault, la société familiale de Bernard Arnault, le fondateur de LVMH. Et une famille brésilienne également. Pour eux, l'offre de Couche-tard n'est pas inintéressante sur le plan financier, surtout si elle est un peu améliorée. 

Mais l'avis de la direction de l'entreprise va compter aussi. Sans compter quelqu'un qui s'invite toujours à la table, le gouvernement. Carrefour, c'est la France. C'est le premier employeur du pays, en dehors de l'administration. Autant dire que c'est un sujet très sensible. Hier, Bruno Le Maire, ministre de l'économie, a évoqué clairement l'interdiction de l'opération au nom de la souveraineté alimentaire des Français, protégée par un décret qui permet de bloquer un rachat étranger dans ce secteur. Par les temps qui courent, un Québécois, même s'il parle français et qu'il habite dans un pays où les villes s'appellent Laval ou Trois-Rivières, reste un barbare.

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