Y aura-t-il des rayons vides cet hiver ? Les fabricants agro-alimentaires entament ce 1er décembre des négociations avec la grande distribution pour essayer d'obtenir une nouvelle hausse de leurs tarifs. Jean-Philippe André préside l'Association Nationale des Industries Alimentaires, qui représente 15.000 entreprises (dont 90% de PME) et 450.000 salariés. Selon lui, "il faut une hausse des prix supplémentaires, sinon certains risquent de réduire leur production, voire même d'arrêter totalement".
Les frais d'emballages, le carton, le verre, le papier ont déjà augmenté de 20 à 30% depuis le début de l'année. Les prix agricoles et de l'énergie ont augmenté aussi. "Jusqu'à présent on a réussi à tenir malgré l'extrême difficulté de produire. Ça devient presque un combat de produire".
De plus en plus de trous apparaissent dans les rayons. "Dans un monde complètement déréglé, on doit accepter l'idée que la matière n'arrive pas toujours à temps dans une usine, que le camion, voire même le chauffeur ne sont pas disponibles à temps. Donc il y a une tension sur l'approvisionnement". Selon Jean-Philippe André, dans une année normale d'avant covid, il manquait 4 à 5% des produits dans les rayons. "Aujourd'hui on est plutôt à 10% et ça risque de s'aggraver".
Autre conséquence de la tension dans le secteur : certains fabricants risquent d'être obligés de réduire leur gamme. "Il y a un risque d'avoir moins de diversité dans les rayons. Je suis triste quand un fabricant de biscuits qui a 40 variétés me dit qu'il risque d'en produire 4 ou 5 de moins à cause de la hausse des coûts. Il faut négocier les bons prix avec la grande distribution pour éviter ça".
"Le choc de l'énergie n'est pas encore répercuté dans les prix au niveau des rayons. Selon le patron de l'ANIA, "l'énergie représente 5 à 6% du coût d'un produit, donc il nous manque 3 à 4 points de hausse. Et c'est le cas chez nos voisins étrangers où les distributeurs acceptent plus facilement une hausse des couts. Pour les consommateurs, l'inflation est bien pire ailleurs en Europe. Depuis le début de l'année, on peut considérer que nos prix ont augmenté de 10%. Il nous manque encore 2 ou 3 points pour tenir. Je connais une grande entreprise de charcuterie industrielle, qui avait une facture d'énergie de 2 millions d'euros en 2021. Elle va passer à 12 millions ! Elle fait 160 millions de chiffre d'affaire. Rien qu'avec cette hausse, elle mange son résultat d'exploitation".
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