Accord-UE Mercosur : pourquoi les hypermarchés multiplient leurs promesses aux agriculteurs ?

Après Carrefour, c'est au tour d'Intermarché de promettre que les produits en provenance des pays du Mercosur, la viande notamment, ne seront pas vendus en rayon. Le 20 novembre, Alexandre Bompard, le patron de Carrefour, a écrit aux syndicats agricoles pour s'engager à ne pas vendre de viande du Brésil ou d'Argentine, dans ses rayons boucherie, comme dans ses plats cuisinés de marque Carrefour. 

Le lendemain, Thierry Cotillard, le patron d'Intermarché, lui a emboîté le pas : refus à l'avance, là aussi, de la viande d'Amérique du Sud. Et c'est assez probable que ça continue avec d'autres enseignes, parce que plus généralement, on assiste en ce moment à un nombre extraordinaire d'initiatives des enseignes de la grande distribution, qui sont autant de déclarations d'amour pour les paysans, et/ou de coups de com'.

Par les temps qui courent, les acteurs de la grande distribution ont peur des paysans. Il n'y a pas un patron d'enseigne qui ne s'inquiète pour d'éventuels débordements des manifestations d'agriculteurs contre ces magasins. Les magasins sont des cibles doublement faciles, parce qu'elles sont symboliques, qu'elles sont nombreuses et qu'elles ne sont pas protégées, comme les préfectures, par exemple, peuvent l'être.

La grande distribution a également le sentiment d'être attaquée, d'être injustement désignée comme la seule responsable de tous les maux agricoles. Et donc, lorsque vous êtes attaqué, vous vous défendez, vous voulez donner des gages, vous voulez donner des preuves. Voilà comment expliquer ces annonces.

Quand on pointe la seule grande distribution, on oublie trop souvent les autres responsables, notamment la restauration ou les fabricants de plats cuisinés, dont certains se fichent complètement de l'origine de leurs matières premières agricoles.