ÉDITO - Accord UE-Mercosur : ''Avec ce faux combat symbolique, on ment aux Français", estime Isabelle Saporta

L'accord de libre-échange entre l'UE et le Mercosur, au cœur de la colère des agriculteurs, tient plus du symbole que d'un acte aux conséquences majeures, selon l'éditorialiste.

Des vaches de race Prim'Holstein

Crédit : Pierre Herbulot / RTL

MERCOSUR - "Avec ce faux combat symbolique, on ment aux paysans et on ment aux Français"

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MERCOSUR - "Avec ce faux combat symbolique, on ment aux paysans et on ment aux Français"

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La seule chose qui unisse tous nos politiques, de droite extrême ou non, de gauche extrême ou non, du centre ou écolo, c'est l'opposition bien démagogique au traité de libre-échange du Mercosur.

C'est sûr que c'est plus facile de faire de ce traité un bouc émissaire que de résoudre des décennies de gestion dramatique de notre agriculture. Mais avec ce faux combat symbolique contre le Mercosur, on ment aux paysans et on ment aux Français.

Non, nous n'allons pas crouler sous une invasion de viande bovine d'Amérique latine. Les 99.000 tonnes qu'on va importer pour toute l'Europe ne représentent que 1.6% de la production européenne. Pareil pour la volaille. On va en importer 188.000 tonnes, soit 1.4% de la production européenne. Et les 180.000 tonnes de sucre qu'on va importer ne sont rien à côté des 700.000 tonnes de sucre ukrainien qu'on importe déjà et qu'on va réduire.

Faire sauter ce traité ne résoudrait pas notre crise agricole

Cet accord n'en est pas pour autant une très bonne idée. Les pays du Mercosur utilisent des produits interdits dans nos élevages. Certes, ces bêtes gavées d'hormones ne devraient pas entrer en Europe, sauf que, pour l'instant, les contrôles sanitaires sont défaillants et que l'Europe protège mal nos paysans. Ils sont en colère, ils ont raison.

Honnêtement, ce traité, ce n'est pas la panacée. Mais le faire sauter ne résoudrait en rien la crise que vit l'agriculture française aujourd'hui. Pendant des décennies, nos politiques, ces tartuffes qui défilent aujourd'hui avec les paysans, ont cadenassé nos agriculteurs dans un cercle vicieux.

Un exemple de leur hypocrisie : dans le modèle intensif, on a besoin de soja pour nourrir les bêtes. On devait avoir un grand plan protéines en Europe. Mais rien, 70% de notre soja vient toujours des pays du Mercosur. Que va-t-il se passer si on refuse ce traité ? On l'aura toujours ce soja.

Il y en a une qui sait qu'il sera signé ce traité, c'est la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Elle a déjà réservé son billet d'avion et son hôtel pour Montevideo, selon le Frankfurter Allgemeine.

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