Violences à l'école : qu'est-ce que le phénomène du "Happy Slapping" ?

Tabasser quelqu'un pour faire le buzz sur les réseaux sociaux. Cette triste pratique a un nom : "le Happy Slapping". La France est le théâtre d'une série d'agressions depuis plusieurs jours, dont une mortelle, celle du jeune Shemseddine, 15 ans, battu à mort à Viry-Châtillon. À Tours, mercredi 3 avril, une adolescente de 14 ans a été tabassée à la suite d'un guet-apens. De surcroit, cette agression a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux. 

Dans un communiqué, la procureure de la ville, Catherine Sorita-Minard, a annoncé que quatre jeunes filles seront jugées dans cette affaire ; notamment "pour diffusion de l'enregistrement d'images relatives à la commission d'une atteinte volontaire à l'intégrité de la personne". Car cette pratique, le "Happy Slapping", est une infraction inscrite dans le Code pénal français. 

Ce phénomène désigne le fait de filmer l'agression physique de quelqu'un. "Le fait de diffuser l'enregistrement de telles images est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75.000 euros d'amende", précise le Code pénal.

Dans l'agression de Tours, la victime a reçu des coups de poing et de pieds sur le visage et sur le corps, a été projetée au sol et frappée. ""On tape et toi tu filmes' s'est vu ordonner l'une d'entre elle : il apparait que deux des auteurs ont filmé la scène tout en participant aux violences. Les vidéos ont été quasiment simultanément diffusées sur les réseaux sociaux, phénomène dit du 'Happy Slapping'", a détaillé la magistrate. 

Les jeunes sont souvent très seuls sur ces réseaux sociaux

Samuel Comblez, directeur de l'association e-Enfance

Concernant le motif de l'agression, il aurait pour origine des "échanges sur un groupe Snapchat, avec insultes et menaces de violences". "Comme souvent, le motif apparait particulièrement futile et en décalage avec le déchainement de violence constaté au visionnage des vidéos", poursuit la procureure. Une agression survenue la veille d'autres événements violents, comme à Montpellier, où une adolescente de 13 ans, Samara, a été attaquée par des camarades de son école à la suite d'"invectives" sur les réseaux sociaux.

Sur les antennes de RTL, le psychologue Samuel Comblez, directeur de l'association e-Enfance, est revenu sur les dangers des réseaux sociaux et le cyberharcèlement, "problème du quotidien pour les adolescents". Dans l'affaire de l'agression de Samara à Montpellier, il est question cette fois d'un "compte ficha". Dans une classe, "les garçons, généralement les auteurs, vont demander à tous les autres garçons d'envoyer des photos si possible à caractère sexuel ou dénudées des filles", explique le psychologue qui regrette que les réseaux sociaux "ne réagissent pas toujours suffisamment vite, voire parfois ne réagissent pas". 

Samuel Comblez estime que la violence entre adolescents "a changé parce que les messages dans la sphère numériques se transmettent rapidement. La viralité va accentuer la violence. Les jeunes sont souvent très seuls sur ces réseaux sociaux, à l'écart des adultes. Les réseaux sociaux sont une espèce d'entre-soi où les jeunes vont parfois s'emballer et perdre cette capacité de raisonnement. C'est le groupe qui va réfléchir à leur place et on peut en arriver à ces drames".