"The Velvet Sundown", le groupe généré par IA qui cartonne sur Spotify

C’est l’un des mystères les plus fascinants de cette année dans l’univers musical. The Velvet Sundown, groupe apparu de nulle part en juin dernier, cumule déjà plus d’un million d’abonnés sur les plateformes de streaming. Leur style est un savant mélange de psychédélisme californien des années 70 et d’indie contemporain. Sur les réseaux sociaux, on voit une image faite par IA avec quatre musiciens aux allures de rockeurs vintage : Gabe Farrow, Lennie West, Milo Rains et Orion Rio del Mar. Mais sont-ils réels ? 

Depuis leur soudaine apparition le mois dernier, le groupe n’a accordé aucune interview. De la BBC au Corriere della Sera, toutes les tentatives de contact sont restées sans réponse. Face au silence, les médias se sont tournés vers des experts en musique, en composition et en intelligence artificielle pour tenter de lever le voile sur ce phénomène "Velvet Sundown" que l’on pourrait traduire par "Coucher de soleil de velours".

Une productivité surhumaine

Un détail a rapidement alerté les spécialistes : le groupe produit à une vitesse jamais vue. Deux albums déjà en ligne et un troisième en préparation. Une vitesse jugée tout simplement inhumaine par des artistes. Ce qui est certain, selon les experts, c'est que cette musique n'a pas été composée par les quatre hippies aux cheveux longs, si tant est qu'ils existent, mais bien par de l'IA. 

Quelques éléments ont mis la puce à l'oreille, notamment les paroles de la chanson Rebel shout : "Bottes dans la boue, ciel rougeoyant / Voix de la raison perdues dans nos têtes / La radio fredonne tandis que le silence hurle / La vérité se dérobe dans les rêves américains."

Une supercherie revendiquée

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Le plus déroutant ? Personne ne sait qui se cache derrière le projet. Sur les réseaux sociaux, les comptes officiels du groupe entretiennent le flou… et s’en amusent. Dans un premier temps, Velvet Sundown a nié avoir recours à l’IA pour générer les chansons automatiquement. Puis, un faux "porte-parole" a répondu au magazine Rolling Stone. "Ils ont dit que nous n’étions pas réels. Peut-être que vous ne l’êtes pas non plus", lance le groupe sur le réseau social X. 

Finalement, le groupe a fini par reconnaître la vérité : leurs chansons sont bel et bien générées automatiquement. À l’aide d’outils comme SUNO, il suffirait de taper une requête du style "fais-moi une mélodie psychédélique des années 70 avec une touche de mélancolie", pour voir apparaître un morceau dans le style de Velvet Sundown.

D’ailleurs, sur Spotify, leur biographie est limpide : "Pas tout à fait humain. Pas tout à fait machine. The Velvet Sundown vit quelque part entre les deux."

Une révolution qui inquiète les artistes

Au-delà du buzz, ce phénomène soulève de profondes questions éthiques et inquiète de nombreux artistes. Qu'est-ce que l'art ? Qu'est-ce que la musique ? doit-elle être composée par un humain ? Qu'est-ce qui compte le plus finalement entre le processus de création ou l'intention ? 

Selon Deezer, 18% des nouveaux morceaux mis en ligne chaque jour sont déjà générés par l’intelligence artificielle. Pendant ce temps, des milliers de musiciens peinent à vivre de leur art, à être rémunérés correctement.

Pour Philippe Manœuvre, célèbre critique musical, Spotify fabrique en fait de la musique pour éviter justement les droits d'auteurs, un peu comme ces caissiers qu'on remplace par des machines, pour éviter de payer, un employé derrière chaque client. Et comme The Velvet Sundown, Spotify n’a pas souhaité commenter. Et ça, c’est bien réel.

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