La question du retour de l'uniforme à l'école revient régulièrement dans l'actualité. Des partis ont réclamé le retour de cet uniforme et même Brigitte Macron s'est exprimée sur le sujet. C'est une décision politique, bien sûr, mais la science a son mot à dire pour éclairer la décision politique. En effet, le port de l'uniforme a fait l'objet d'études scientifiques dans les pays où il existe : Royaume-Uni, États-Unis, Australie, Corée du Sud, Japon et j'en passe.
Une chercheuse à l'université d'Otago en Nouvelle-Zélande en a recensé plus d'une centaine, dont elle a fait une synthèse. Nos décideurs seraient bien inspirés de lire cette synthèse. Pourquoi certains d'entre eux veulent-ils le retour de l'uniforme ? Pour gommer les différences sociales, stopper la course aux vêtements chers, pour des élèves plus studieux avec de meilleurs résultats ?
Mais le port de l'uniforme a-t-il une influence sur les résultats scolaires ? Non, il n'y a pas de corrélation positive entre résultats scolaires et port d'uniforme. Une synthèse de toutes les recherches effectuées sur le sujet montre un impact négligeable de l'uniforme sur la réussite scolaire. Toutefois, certaines études pointent un environnement d'apprentissage favorable.
Et qu'en
est-il des différences sociales, de la question du port de vêtements
chers ? Dans ce domaine,
les chercheurs notent que les résultats sont plus marqués. En
Afrique du Sud, des chercheurs ont établi que l'uniforme réduisait
l'habillement compétitif, c'est-à-dire la course aux vêtements
chers, ce qui réduit le stress et les disputes familiales. Ces résultats s'appliquent aux élèves aisés.
Pour les plus modestes, les résultats sont contrastés. Des études montrent que l'uniforme peut être une barrière à l'intégration et pour d'autres qu'il favorise au contraire cette intégration. Une autre conclusion intéressante de ces études se dégage : dans la plupart des cas, ce ne sont pas les garçons mais les filles qui semblent être "systématiquement et arbitrairement défavorisées par la conception de l'uniforme".
Pour
les filles, il y a la question délicate du choix entre jupe et
pantalon. Dans certains cas, l'uniforme peut conduire à l'exclusion
sociale des filles qui se conforment à son port. Dans d'autres,
celui-ci réduit les risques de harcèlement.
Au vu de tous ces faits, il apparaît clairement qu'il n'y a pas de consensus clair, hormis la réussite scolaire, où il n'y a clairement aucune influence. Il y a des effets négatifs ou positifs
sur la santé ou l'environnement éducatif des élèves, qui varient
d'un pays à l'autre et dépendent du type d'uniforme choisi. Donc,
se prévaloir de telles ou telles études pour dire je suis contre ou
je suis pour n'a pas de sens.
Ces études prouvent que l'uniforme a des impacts, positifs ou négatifs, et que
l'on peut évaluer ses impacts. Et si, au lieu de s'étriper sur une
loi concernant tous les écoliers, on commençait par
une expérimentation limitée dans quelques écoles. Cela permettrait
d'évaluer scientifiquement, dans le contexte français, l'impact de
l'uniforme et surtout de définir l'uniforme le mieux adapté. Voilà une manière rationnelle de résoudre cette querelle du retour de l'uniforme
à l'école.