Sexualité : comment expliquer la baisse de la libido après la grossesse ?

Le fait d'avoir un enfant représente un changement significatif dans la vie d'un couple, souvent célébré comme un instant de joie et de transition vers une nouvelle étape. Toutefois, sous cette apparence idéalisée se dissimulent des défis importants, peu évoqués et mal compris par la société. 

Dans ce nouvel épisode du podcast OrgasmiQ animé par Rosa Bursztein, la discussion porte sur la maternité et ses réalités souvent cachées derrière l'image idéalisée de la "mère parfaite". Le changement de deux à trois membres au sein d'une famille engendre parfois un déséquilibre, qui affecte non seulement la relation intime du couple, mais également leur aptitude à communiquer de manière efficace. 

La naissance d'un enfant peut aussi être le point de départ de changements en ce qui concerne la libido. La baisse du plaisir sexuel après la grossesse est un phénomène fréquent qui peut être attribué à différents facteurs. Charline Gayault, sexologue et sage-femme, vous explique les causes possibles. 

Les 3 piliers du désir sexuel

Charline Gayault souligne que le désir sexuel repose sur trois principaux piliers : le contexte, les hormones et la satisfaction sexuelle antérieure. Avant la naissance, une satisfaction sexuelle élevée ne garantit pas le maintien de la libido après l'accouchement. "La satisfaction, même si avant elle était au plafond, ne suffit pas forcément, parce que ce qui va surtout changer, c'est l'environnement et le contexte" affirme-t-elle.

En effet, après la naissance, la dynamique familiale change. Les nouvelles mères se retrouvent souvent à assumer la majorité des tâches domestiques et des soins du bébé, ce qui peut entraîner de la fatigue et laisser peu de place au désir sexuel. Selon Charline, la question qu'il faut se poser est la suivante : "Est-ce que je suis la seule personne à m'occuper de ce qui se passe dans cette maison ? De cet enfant qui a besoin de ses parents pour vivre, mais aussi de la maison ? Si c'est trop lourd, j'ai besoin de lâcher un wagon, c'est sûr" .

Les fluctuations hormonales

Les changements hormonaux post-partum sont également un facteur clé. Après l'accouchement, il y a une chute brutale des hormones de grossesse, suivie par une période d'adaptation hormonale. L'allaitement entraîne la production de prolactine, une hormone qui favorise la lactation, mais qui diminue aussi la libido. 

L'ocytocine, souvent appelée "hormone de l'amour", est produite en grande quantité lorsque la mère s'occupe de son bébé. Cette hormone remplit en partie les besoins affectifs de la mère, réduisant son besoin de contact physique avec son partenaire. "Le fait d'avoir ce petit être souvent mignon à bras remplit mon réservoir d'ocytocine, donc j'ai moins de manque de besoin de contact, de tendresse" rappelle Charline.

Les conséquences sur le couple

Ces changements peuvent avoir des répercussions sur la relation de couple. La fatigue, la charge mentale et les douleurs physiques post-partum peuvent compliquer la communication entre les partenaires. "Non seulement ça a un impact sur la libido, mais c'est la non-communication qui est l'ennemi du couple" souligne-t-elle. Le manque de dialogue peut accentuer le stress et l'isolement ressenti par les parents.
 
De plus, il existe un tabou sociétal autour des difficultés conjugales post-natales. De nombreux couples hésitent à exprimer leurs problèmes, pensant qu'ils sont les seuls à traverser ces épreuves. Pourtant, Charline Gayault rappelle que ces difficultés sont courantes et qu'il ne faut donc pas hésiter à chercher de l'aide. Une thérapie de couple peut être bénéfique pour rétablir la communication et retrouver une intimité perdue.