Sécheresse : Mac Lesggy explique pourquoi les arbres souffrent face au changement climatique

Le climat se réchauffe, la température monte, c’est notamment visible l’été, avec des canicules à répétition, et les sécheresses sont plus longues et plus fréquentes. Face à ce changement, l’Homme peut et va devoir s’adapter… Mais les arbres eux ne peuvent pas déménager ou s’équiper de parasols, comment vont-ils faire face, dans nos forêts, à ces nouvelles conditions climatiques ?

Plus de chaleur, c’est plus de transpiration des arbres, moins d’humidité dans la forêt, ce qui accroit les risques d’incendies de forêt : il y a plus de départs de feux, et une recrudescence des incendies. On l’a bien vu l’été dernier ou 0,4% de la surface forestière, soit 6 fois la surface de Paris, est partie en fumée. Mais même sans la présence de l’Homme qui déclenche la plupart des incendies, les forêts souffrent : quand il y a une sécheresse estivale, des arbres meurent. L’ONF a constaté que, entre la période 2005-2013 et la période 2011-2019, le nombre d’arbres morts avait augmenté de 35% : c’est énorme !

Alors que peut-on faire ? La première chose c’est de s’intéresser aux comportements des arbres face à la chaleur et au manque d’eau, et c’est ce que viennent de faire des chercheurs autrichiens qui ont installé un laboratoire en pleine forêt, en bardant de capteurs de vieux arbres, pendant 5 ans, pour tout savoir sur leur comportement.

Ils ont découvert que lorsque les sols sont secs, et qu’il n’y a plus assez d’eau pour monter dans les vaisseaux du tronc, apparaissent alors dans ces vaisseaux des bulles d’air qui bloquent la circulation de l’eau, exactement comme une embolie dans un vaisseau sanguin. Du coup l’eau ne peut plus monter vers les feuilles et l’arbre peut mourir de soif. Mais certains arbres ont une stratégie face à la sécheresse !

L'arbre peut mourir de soif ou de faim

Ils vont fermer les pores minuscules de leurs feuilles par lesquels l’eau en provenance du tronc ressort sous forme de vapeur, la transpiration dont je vous parlais. Or c’est cette transpiration qui fait monter l’eau vers le feuillage ! Du coup tout s’arrête. L’arbre diminue le risque d’embolie dans ses vaisseaux ! L’arbre ferme ses écoutilles en cas de sécheresse, c’est incroyable ! Mais il y a une limite à ça. Comme les feuilles ont fermé leurs pores, le gaz carbonique, indispensable à la photosynthèse ne peut plus rentrer et les feuilles ne peuvent plus fabriquer de matière organique, glucides et sucres indispensable à la survie de la plante.

En résumé, l’arbre est confronté à un choix impossible, si la sécheresse dure trop longtemps : soit mourir de soif avec des vaisseaux asséchés, soit mourir de faim avec des feuilles qui ne fabriquent plus de sucres ! Face à ces conditions dramatiques, certaines espèces s’en sortent mieux que d’autres : les chercheurs se sont intéressés au hêtre et à l’épicéa, grâce à ces racines plus profondes et à une meilleure gestion de l’eau, le hêtre s’en sort mieux. Les chercheurs vont désormais chercher à comprendre si une forêt aux essences plus diversifiées s’en sort mieux qu’une forêt mono-espèce comme une hétraie ou une sapineraie.

En connaissant mieux le comportement des différentes essences seules ou associées à d’autres, on pourra faire évoluer le peuplement des forêts pour les rendre plus résistantes aux sécheresses. Autres pistes, planter moins dense et éviter les coupes rases de parcelles comme aujourd’hui pour garder en permanence un couvert végétal plus frais et donc plus humide. Une chose est certaine, les forestiers ont du pain sur la planche pour aider nos forêts à faire face au changement climatique !