Après la trêve estivale, le dangereux chantier de la réforme des retraites reprend dès les premiers jours du mois de septembre. Au menu de la rentrée pour le Premier ministre Édouard Philippe, encore et toujours, des concertations. Des concertations au mieux pour gommer les désaccords, au pire pour ne pas être accusé de manquer de dialogue.
Les bilatérales - dont les invitations ont été envoyées aux partenaires sociaux - se feront en présence de la ministre de la santé Agnès Buzyn et du haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye. Le 5 septembre, sont notamment attendus la CFDT et Force Ouvrière pour les syndicats; le Medef et la CPME pour le patronat. Ces rencontres quasiment en tête à tête doivent se poursuivre le lendemain.
En plus des concertations avec les partenaires sociaux, le gouvernement devrait annoncer la mise en œuvre de débats grand public, dans la droite ligne du grand débat national mis en place à la suite de la crise des "gilets jaunes". Une source proche du dossier précise que la consultation citoyenne sera "fondée sur la concertation des élus, des corps intermédiaires et de l’ensemble des Français".
Une première consultation citoyenne avait déjà été organisée il y a un an sur le thème de la réforme des retraites. Un site internet avait été ouvert concernant les attentes des Français, des ateliers citoyens avait été organisés sur le territoire et un "avis citoyen", sorte de résumé des attentes, avait même été transmis à l’époque au haut-commissaire à la réforme des retraites.
La seconde consultation, plus large nous dit-on, plus vaste, se basera cette fois-ci sur les préconisations de Jean-Paul Delevoye et non sur des questions théoriques. Les consultations des partenaires sociaux et des citoyens ont bien sûr pour objectif de déminer le terrain, de se laisser le temps de communiquer et de préparer l’opinion publique à une réforme traditionnellement explosive.
Si bien que le calendrier du dossier des retraites s’étale dans le temps. Après le rapport de Jean-Paul Delevoye, la présentation du projet de loi n’est pas attendue avant la fin de l’année au moins. À Matignon, on explique même qu’on "n’est pas à une semaine voire à un mois près s’il le faut et que prendre le temps du dialogue n’est plus tabou".
À l’heure actuelle, il est donc peu probable d’imaginer une discussion de la réforme des retraites au Parlement avant l’échéance électorale des municipales en mars 2020.
En attendant de trancher, les concertations restent donc le maître mot du gouvernement. Des concertations qui sont également pour les partenaires sociaux loin d’être nouvelles. Avant la remise officielle de son rapport le 18 juillet dernier, le Haut-Commissaire Jean-Paul Delevoye avait régulièrement consulté les représentants des salariés et des chefs d’entreprises.
Ce qui fait dire au numéro 1 de Force Ouvrière Yves Veyrier, que "ces bilatérales n’apporteront rien de nouveau. FO est par principe opposé au remplacement des régimes existants par un système de retraite par point". Le syndicat FO prévoit quoi qu’il arrive, une mobilisation le samedi 21 septembre. Il n’y aura cependant pas de front commun des syndicats, n’étant pas parvenus à se mettre d’accord sur une date unique de mobilisation.
La CGT fera ainsi montre de son opposition à la réforme des retraites le 24 septembre prochain et plusieurs organisations d’avocats, infirmiers libéraux et pilotes de ligne ont prévu de manifester le 16 septembre prochain contre la réforme des régimes spéciaux de retraite. Les organisateurs précisent la plupart du temps qu’il s’agit en quelque sorte d’un tour de chauffe en attendant des mobilisations de plus grande ampleur à l’automne.
Mais la méthode des concertations ne rebute pas tous les syndicats. Certains comme la CFDT se montrent plus optimistes sur le dialogue avec le gouvernement. La CFDT en attend de "pouvoir vraiment faire bouger les lignes de la réforme".
Selon Frédéric Sève, en charge des retraites à la CFDT, "les discussions étaient jusqu’à ce stade cantonnées aux principes, aux idées ; là on a un texte avec des propositions concrètes sur lesquelles nous allons pouvoir nous exprimer".
Le syndicat devrait faire trois demandes principales lors des bilatérales : premièrement, une meilleure prise en compte de la pénibilité au travail en permettant aux salariés qui portent des charges lourdes par exemple, de partir plus tôt à la retraite.
Deuxièmement, pouvoir prendre partiellement sa retraite à partir de 62 ans en travaillant à mi-temps par exemple, tout en commençant à utiliser ses points retraite. Troisièmement, mieux prendre en charge les pensions les plus basses, en allant plus loin que l’annonce du président Emmanuel Macron d’une pension à 1.000 euros par mois minimum pour un retraité ayant travaillé toute sa vie.
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