Pourquoi parle-t-on de "cacher" pour la nourriture autorisée pour les juifs ?

Il y a dix ans, les attentats de l’Hyper Cacher marquaient les Français. Ce jeudi matin, nous allons voir ensemble pourquoi on parle de "cacher" pour l’alimentation autorisée pour les Juifs. "Cacher" vient de l’hébreu, qui veut dire "convenable", "apte". En l’occurrence, apte à la consommation. Cela remonte au Lévitique, troisième des cinq livres de la Torah, écrit entre le VIIe et le VIIIème siècle avant Jésus-Christ, dans lequel est détaillé ce que l’on peut et ne peut pas manger. Les aliments tahor, purs, et ceux tamé, impurs.

La liste est longue. On a tendance à limiter cette interdiction au porc, proscrit aussi chez les musulmans, mais il y en a beaucoup d’autres. Pour la viande, la règle est simple : elle doit venir d’un animal ruminant avec les sabots fendus. C’est le cas de la vache, du mouton. Mais pas du cheval qui rumine mais n’a pas les sabots fendus. Ni donc du cochon qui lui, c’est le contraire, ne rumine pas mais a les sabots fendus. Ces conditions excluent aussi par exemple le lapin.

Quid du poisson ?

Pour les poissons et les volailles, là aussi c’est précis. Pour les poissons, sont cachers ceux qui ont des écailles et des nageoires. Comme le saumon, la sole ou la carpe. Du coup, pas de lotte, de raie qui ne correspondent pas au cahier des charges. Ni les fruits de mer et les crustacés forcément. Donc homard, langouste, huître, c’est niet. Idem pour le caviar. Car ce sont des œufs d’esturgeon, un poisson dont la femelle perd ses écailles lors de l’accouplement, ce qui la rend impropre à la consommation. 

Pour les volailles de la basse-cour, poulet, dinde, canard, c’est cacher si l’animal est abattu suivant un rituel très précis, là aussi dans la Torah, qu’on appelle la shehita. Une incision rapide de la carotide, la trachée et l’œsophage. Puis vidé de tout son sang, symbole de vie. 

La moindre goutte encore présente rend la viande impropre à la consommation. Il faut aussi lui retirer le nerf sciatique en souvenir de Jacob, blessé à la hanche lors de son combat avec un ange, les Juifs ne mangent pas le tendon de la hanche donc le nerf sciatique. Ce qui fait que certaines parties du bœuf, situé dans le bas du corps, comme l’entrecôte ou le filet ne sont pas cachers. 

Il y a beaucoup d’autres règles à respecter. Par exemple les écrits saints disent que "l’agneau ne peut être cuit dans le lait de sa mère". Donc il est interdit de mélanger viande et produits laitiers ou de faire steak et yaourt dans le même repas. De même, les légumes doivent être vérifiés avant d’être mangés pour être sûr de ne pas avaler d’insectes, viande non cacher. Même la façon de manger répond à des règles précises : par exemple, si une cuillère qui a servi à préparer un plat non cacher est utilisée ensuite pour un plat cacher, eh bien elle le contamine, le rend impur et donc immangeable.