8 mars : pourquoi la Journée des droits des femmes tire son origine d'une manifestation qui n'a jamais existé

C’est aujourd’hui 8 mars, la Journée internationale des droits des femmes et ce matin. Une journée qui tire son origine d’une manifestation qui n’a jamais existé...

Si on en croit beaucoup de féministes, l’origine de cette journée, c’est une manifestation qui eut lieu à New York le 8 mars 1857. Première dans l’histoire, des couturières en grève ont défilé pour réclamer la journée de 10 heures et un salaire équivalent à celui des hommes. Une manifestation durement réprimée par la police.

Sauf que les historiens se sont aperçus qu’il n’y avait aucune trace de cet événement nulle part. Et qu’en plus, le 8 mars 1857 était un dimanche, jour où les ouvrières ne risquaient pas de se mettre en grève puisqu’elles ne travaillaient pas. Bref, cette manifestation a été inventée de toutes pièces.

Pour comprendre pourquoi, il faut retourner en 1910. Clara Zetkin, une militante allemande, propose que tous les ans, les femmes du monde entier se mobilisent pour faire valoir leurs droits. Mais aucune date n’est alors fixée. C’est en Russie à Petrograd que ça va se jouer. On est début 1917, le pays traverse une grosse crise économique. L’hiver a été rude et des femmes décident de manifester pour demander du pain et la paix.

Les origines dans la révolution russe

Elles ne savent pas encore qu’elles vont déclencher la révolution russe qui va finir par renverser le Tsar et installer le régime communiste. Comme cette manifestation a lieu le 23 février, on choisit cette date pour la journée des droits de la femme.

À l’époque, les Russes suivent le calendrier julien, celui utilisé du temps des Romains. Pas le grégorien comme nous. Leur 23 février, c’est notre 8 mars ! Si on a inventé cette manifestation aux USA en 1857, c’est en fait parce que dans les années 50, en pleine Guerre Froide, les féministes américaines ont décidé de se réapproprier cette journée et de lui enlever son vernis communiste.

C’est ainsi que les ouvrières russes de Petrograd, qui étaient aussi dans le textile, sont devenues les ouvrières yankees de New York. Et l’influence américaine sur le reste du monde a fait le reste. Pour l’anecdote, c’est assez paradoxal, le premier journal français à relayer cette manif’ qui n’a donc jamais existé, ce fut L’Humanité !