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Des personnes tenant des bottes de paille devant des tracteurs lors d'une manifestation organisée par la FNSEA et les JA contre la concurrence déloyale et l'accord de libre-échange avec le Mercosur.
Crédit : BASTIEN OHIER / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP
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De Versailles jusque dans l'Hérault, des agriculteurs ont mené dans le calme, ce vendredi 26 septembre depuis le petit matin, des actions pour protester, notamment, contre leurs conditions de vie. Chaque année, ce sont plus de 500 personnes qui se suicident, soit presque deux par jour.
Dernier exemple en date, mardi 24 septembre, dans l'Hérault. Jonathan, un viticulteur de 37 ans, a mis fin à ses jours. Un choc pour les 80 habitants de Saint-Hilaire-du-Bois, où il était installé. Un "drame pour toute la profession", a appuié Jean Samuel Eynard, lui-aussi viticulteur et président de la Chambre d'agriculture, qui décrit un homme "calme", "posé" et "réfléchi". "Comment on a fait pour ne pas s'en apercevoir et ne pas arriver à l'en empêcher, s'est-il questionné. Un de plus, encore un, un de trop, il faut que ça s'arrête."
Depuis quelques années, on a dépassé les 500 suicides d'agriculteurs en France chaque année
Jean Samuel Eynard, viticulteur et président de la Chambre d'agriculture
Mais pour lui, pas de doute : "la situation économique du vignoble fait qu'on arrive à ce genre d'extrémité", poursuit-il. "Il y a très peu de monde qui a fait une récolte normale depuis 2017", a-t-il déploré. Il a abordé alors la loi Duplomb, qui a fait l'objet d'une révolte populaire après son adoption. "Les agriculteurs ont l'impression d'être les moutons noirs de la société. Depuis quelques années, on a dépassé les 500 suicides d'agriculteurs en France chaque année. C'est un chiffre absolument monstrueux", a-t-il assuré.
Parmi leurs revendications, les agriculteurs demandent également moins de normes, moins de règles. "Ils veulent tout réglementer", regrette Cyril, céréalier dans le Val-de-Marne, qui manifeste devant le château de Versailles. "Mais l'agriculture ne peut pas se réglementer", a-t-il dit, dénonçant une situation qui devient "délirante".
"Moi, si je travaille le dimanche, ce n'est pas pour le plaisir de travailler le dimanche, c'est parce que la nature me l'oblige, parce que j'ai la terre qui se prête à être travaillée le dimanche, parce que ma culture est mûre", explique-t-il. Il dit également être, parfois, contraint de travailler de nuit. "Aujourd'hui, travailler la nuit, c'est compliqué. On ne peut pas faire travailler nos salariés la nuit."
"On nous dit qu'il faut se mettre à telle date et pas avant, alors qu'avec le réchauffement climatique, les saisons ne se ressemblent plus et donc il faut qu'on s'adapte à tout ça. Mais l'administration ne s'adapte pas. Donc ça devient très très compliqué de faire notre métier au quotidien", a soufflé le céréalier.
Autre sujet qui est au cœur de cette colère, le Mercosur et la concurrence déloyale, y compris parfois au sein même de l'Union européenne. À Sainte-Eulalie, à dix kilomètres au nord de Bordeaux, les agriculteurs ont mené une action dans le calme, dans un supermarché.
Les premières consignes sont données sur le parking : "Regardez l'origine". "En France, on nous demande de produire de mieux en mieux, de plus en plus cher. Et malheureusement, personne ne veut acheter. Et résultat, on fait venir des produits à très bas prix qui ne respectent aucune norme, ni sociale, ni sociétale", a dénoncé Serge Bergeon.
Avec ses collègues, il entre avec des caddies dans le supermarché. Ils s'arrêtent sur une célèbre pâte à tartiner. "Les pays de production, nous n'en savons rien. Cela veut dire qu'il n'est pas précisé si la noisette est française. Et quand ce n'est pas précisé, on se doute qu'elle est forcément [originaire de l'étranger], même de l'UE, puisqu'il n'y a même pas marqué "origine Union européenne".
Les clients observent l'action. "J'ai une toute petite retraite, 1 400 euros", a expliqué Marc qui aimerait consommer français, mais qui n'a pas les moyens. "Il n'y a que le riche qui peut le faire", a-t-il assuré.
Les agriculteurs repartent, laissant derrière eux dans les rayons des dizaines de produits avec un sticker "Trompeurs, ne consommez pas" à l'adresse des futurs clients de ce discounteur.
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