Pourquoi le "Boléro" de Ravel est aussi une affaire de gros sous

Le film Boléro, dont la sortie en salle est prévue ce mercredi 6 mars, raconte comment Maurice Ravel a créé sa célèbre œuvre musicale. Une pièce devenue incontournable du répertoire classique, qui s'avère aussi être une affaire de gros sous.

Composée en 1928 par Maurice Ravel, cette œuvre devenue depuis la musique classique la plus jouée au monde. Pas seulement dans les opéras, puisque selon une étude de 2014, le Boléro est le 3e titre le plus écouté pendant les rapports sexuels derrière la B.O. de Dirty Dancing et Sexual Healing de Marvin Gaye. On estime que toutes les 10 minutes, quelque part dans le monde, une interprétation du Boléro débute. 

Et qu’est-ce que ça aurait été si George Lucas avait pu en faire la musique de Star Wars comme il le voulait à l’origine. Mais il dût se raviser pour des histoires de droits d’auteur. Car jusqu’en 2016 où il est tombé dans le domaine public, il fallait payer pour utiliser le Boléro.

Histoire de gros sous... et d'emprise ?

Car oui, le Boléro c’est aussi une histoire de gros sous. Quand il décède en 1937, Maurice Ravel n’a ni descendants, ni testament. C’est donc son frère cadet Édouard qui récupère l’héritage. En 1958, il promet de faire don de 80% des droits d’auteur, dont il a hérité, à la ville de Paris. 

Et puis bizarrement quelques mois plus tard, il change d’avis et décide qu’à sa mort, tout devra revenir à Jeanne Taverne. Cette dernière est la masseuse d’Édouard Ravel. En 1954, il a été victime avec son épouse d’un accident de voiture, qui nécessite des soins à domicile. Il engage donc cette Jeanne Taverne. 

À la mort de sa femme, Édouard installe chez lui sa masseuse et son mari devient son chauffeur. Très vite, l’entourage d’Édouard s’inquiète, persuadé qu’il est séquestré et shooté à la morphine par les Taverne pour le garder sous emprise.

50 millions de droits d'auteur

À la mort d’Édouard, les Taverne raflent le pactole. Mais des petits-cousins de Maurice Ravel apparaissent et réclament leur part du gâteau. C’est le début de 10 ans de procès entre 1960 et 1970, gagné par les Taverne. 

Mais depuis les héritiers de la chorégraphe originelle du Boléro, car c’était un ballet, et même du décorateur réclament aussi leur part. Faut dire qu’il est beau le gâteau Boléro : depuis 1960, on estime qu’il a rapporté 50 millions de droits d’auteur ! Désormais, les droits sont détenus par Évelyne Pen de Castel qui est la fille de la seconde femme du mari de la masseuse du frère de Maurice Ravel ! 

Elle continue à gagner de l’argent, puisque l’intégralité de l’œuvre de Maurice Ravel ne sera pas dans le domaine public avant 2055. De quoi faire tourner la tête. Comme la Valse de Maurice Ravel qui en 2022 a été le morceau de classique le plus joué au monde. Car il n’y a pas que le Boléro dans la vie !

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