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Un client achète le 13 mai 1975, un paquet de cigarettes chez un buraliste, à Paris. (illustration)
Crédit : DANIEL JANIN / AFP
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Où sont les brunes? Les cigarettes brunes... Une odeur quasi-disparue, de nos jours. Mais pour les plus âgés d'entre nous, c'est l'enfance, la clope de papa ou de grand-papa, toujours un peu de guingois à cause du paquet souple froissé dans la poche. Un truc qui piquait nos petits nez. Toute une époque que M le magazine du Monde a tenté de retrouver.
La quête démarre en bonne logique au bureau de tabac du coin. Le Celtic de la rue de Belleville, à Paname. Chou blanc. "Des brunes, on n’en fait plus", dit la patronne. "Plus personne ne nous en achetait, alors, on a arrêté d’en vendre. Il me restait un client, et je les commandais pour lui, mais il a changé de quartier".
Sur internet, on trouve des affiches, des cendriers publicitaires, des vieux paquets... Attirail de collectionneurs, mais point de fumeurs de brunes. Jusqu'à Jocelyne, ancienne prof, 78 ans, dont plus de 60 ans la clope au bec. Dans sa cuisine, Anna Karina souffle la fumée de sa cigarette sur l’affiche de Vivre sa vie de Godard. Il y a même une aquarelle représentant le paquet de Caporal.
"Ma mère tenait un café-bar près d’une caserne à Rennes", dit-elle. "Les militaires étaient approvisionnés en cigarettes et ceux qui ne fumaient pas nous les revendaient à petit prix. J’avais 15 ans, je voulais faire pareil que les garçons, porter des jeans et fumer des brunes. Et puis, j’étais déjà très portée sur le cinéma, et dans les films de l’époque, c'était un argument de séduction : regardez Lauren Bacall."
La France de l'époque ne fume que des brunes, ou presque. La SEITA, qui détenait le monopole jusqu’en 1976, vendait des Gitanes, des Gauloises, des Royale, des Marigny : rien de blond, là-dedans. Aujourd'hui, les brunes, c'est à peine 2% des ventes. Et ces clopes populaires par nature sont devenues les plus chères du comptoir : entre 11,20 et 11,60 euros le paquet.
Elles sont toutes la propriété d’un seul fabricant, le britannique Imperial Brands. "C'est un tout petit segment en décroissance totale", dit un responsable. "On n’arrête pas la production tant qu’on a des consommateurs mais ils vieillissent". La relance de la brune ne semble pas au programme. "Parfois, les cigarettiers nous demandent de mettre en valeur certaines marques", dit un buraliste de Haute-Savoie. Si nous sommes en rupture sur un produit, nous pouvons en conseiller un autre au client. Là, rien n’est fait. Et la jeunesse n’accroche pas. Il faut dire aussi que le goût est beaucoup plus fort".
Le goût, et l'odeur... "Très sèche, âcre, qui vous tombe sur l’estomac". C'est ce que dit Guillaume Tesson, journaliste pour la revue Nez, et spécialiste des cigares. J’y trouve du papier brûlé, un démarrage de cheminée, de la poussière. Un côté goudron chaud, métal chaud. Une note minérale, un peu silex, un peu pierre à fusil. Et un léger goût de violette". C'est sûr, c'est du brutal. Trop sans doute pour le 21e siècle.
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