Changement climatique : quel est le coût des canicules sur l'économie ?
Depuis une semaine, la France est en proie à une intense vague de chaleur. Des conditions météorologiques qui ont un prix pour l'économie.
Pendant un pic de chaleur, il n'y a pas que l'économie qui prend un coup de froid. Selon une étude de Santé Publique France et du CNRS, les vagues de chaleur ont coûté entre 22 et 37 milliards d'euros pendant les années 2015-2020. Cela représente 814 euros par habitant exposé aux canicules durant ces années-là.
L'essentiel des pertes économiques est lié à des arrêts maladies, voire à des décès au cours de ces périodes. D'un point de vue strictement économique, la chaleur crée des dysfonctionnements dans l'organisation des entreprises qui sont moins productives.
Passés les 33°C, selon l'Organisation internationale du travail, la productivité des salariés est diminuée de 50%. Si on connait régulièrement ce type d'épisodes tous les ans, cela va avoir un impact très fort sur la construction, -19% d'activité, et sur l'agriculture. Selon la Caisse centrale de réassurance, la sécheresse avait coûté un peu plus d'un milliard d'euros au monde agricole car les rendements avaient été moins bons.
Un retard qui se rattrape
Mais les pertes enregistrées pendant un épisode de chaleur sont rattrapées après. C'est ce que montre un rapport du Sénat suite à la terrible canicule de 2003. À la fin de l'année, on estime que l'épisode de chaleur avait couté entre 0,1 et 0,2 point de PIB, soit entre 3 et 4,5 milliards d'euros. Les entreprises récupèrent leur retard quand les températures baissent. Qui plus est, les canicules ont lieu pendant l'été, c'est-à-dire à un moment où l'activité tourne un peu plus au ralenti.
Il existe d'ailleurs des secteurs qui profitent de ces périodes de fortes chaleurs, notamment les grandes surfaces qui sont climatisées. En 2016, il y avait eu un gros coup de chaud entre le 11 et le 25 juin et l'institut Nielsen avait enregistré une hausse de la consommation dans les supermarchés de 4,9%. Dans ces cas-là, les consommateurs se ruent sur les produits météo sensibles comme les bouteilles d'eau, la bière, les glaces ou encore les salades.
Faut-il craindre un ralentissement économique ?
Le réchauffement climatique engendre du stress thermique au travail, c'est-à-dire qu'il a des conséquences sur les organismes et provoque un ralentissement de l'activité économique durable, de l'ordre de 0,7 à 1,5 points de PIB si la température augmente d'un degré, selon la Banque de France.
Par ailleurs, l'activité va par exemple chuter dans les régions au sud de la Loire qui misent beaucoup sur la clientèle en vacances. Les rails de trains se dilatent et peuvent ralentir les déplacements. Les centrales électriques tournent également au ralenti. Selon des économistes d'Allianz, les salariés vont perdre 2,2% de productivité si on vit dans un monde durablement plus chaud. Mais cette perte de rendement sera sans doute compenser par la montée en puissance de l'intelligence artificielle qui nous fait gagner du temps dans de nombreuses tâches.
