Cinq ans après, environ 200 militants écologistes et quelques "gilets jaunes" se sont rassemblés samedi 26 octobre à Sivens (Tarn) en la mémoire de Rémi Fraisse, tué lors d'affrontements entre forces de l'ordre et opposants au projet de barrage.
Après une balade dans la forêt, "une minute d'applaudissements" a été observée pour rendre hommage au militant de 21 ans qui a succombé le 26 octobre 2014 à un tir de grenade offensive. Dans cette affaire, le gendarme impliqué a bénéficié en janvier 2018 d'un non-lieu, contre lequel la famille a fait appel, après le renoncement officiel en 2017 à l'usage de grenades offensives.
"Nous sommes ici réunis sur une zone humide où l'eau n'est pas forcément visible à l'oeil nu, mais où la terre fonctionne comme une éponge, comme un régulateur des masses hydriques", a expliqué Claude Pichel, ancien professeur de géographie à la retraite. Pour lui, une retenue d'eau serait "une hérésie", qui ne ferait que vider les nappes phréatiques et assécher la région, "en rompant l'équilibre naturel de la zone".
Le projet de barrage retenu en 2012 avait provoqué une levée de boucliers des environnementalistes, opposés à la destruction d'une zone humide. Il fut abandonné à la suite de la mort de Rémi Fraisse.
Un nouveau projet d'irrigation dans la vallée du Tescou, à quelques centaines de mètres en amont, a refait surface, "notamment à cause d'une pression monstre de la part de la FNSEA (principal syndicat agricole, ndlr) qui pousse les politiques à prendre des décisions contraires à l'intérêt général et de la biodiversité", accuse Claude Pichel.
À l'approche d'un arbitrage, les opposants et anciens zadistes restent mobilisés. Parmi eux, Nicole Voisin, devenue "gilet jaune" à 80 ans et qui participe à la commémoration dans le village proche de Gaillac où a été déployée une grande banderole : "Faisons barrage aux violences policières".
Ces commémorations coïncident avec l'acte 50 des "gilets jaunes", pour qui le nom de Rémi Fraisse est associé au questionnement du maintien de l'ordre en France. "Cette violence qui l'a tué, se perpétue. Tous les samedis on se fait gazer, pour rien", fulmine Francis, 52 ans et au chômage depuis des années.
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