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4 min de lecture
Aurélie Silvestre sur M6
Crédit : Le 20.10 l'Anne-Sophie Lapix
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Cela fait 10 ans que 90 personnes ont été tuées, le 13 novembre 2015, au Bataclan. Parmi elles, Matthieu Giroud, le compagnon d’Aurélie Silvestre. Elle publie son histoire, "Déplier le cœur" aux éditions du Seuil, et témoigne sur M6 en évoquant notamment comment sa famille traverse cette épreuve.
Le soir du 13 novembre 2015, elle est mère d’un petit garçon de 3 ans et enceinte d’une petite fille qui naîtra quelques mois plus tard. L’anniversaire des 10 ans est un cap difficile à passer "parce qu’il y a cette idée du bilan à faire cette année", explique-t-elle sur M6. Elle était chez elle quand le commando a attaqué la salle de concert parisienne, mais ce n’est que le lendemain soir, "le samedi à 22 heures", qu’elle a appris la mort du père de ses enfants : "On l’a cherché pendant 24 heures avant d’apprendre son décès."
Une d’autant plus violente qu'elle est enceinte et doit continuer à s’occuper d’un très jeune enfant. "Il faut que je fasse attention à moi, nécessairement, parce que je veux mener à terme cette grossesse. Et je veux aussi faire en sorte que chaque jour ressemble au précédent autant que possible pour mon fils qui a 3 ans", explique-t-elle. "De nous trois, je ne sais pas qui a sauvé qui, mais c'est sûr que mes enfants m'ont sauvée, je les ai sauvés, on a fait quelque chose ensemble."
"Je me suis assise avec lui sur le canapé et je lui ai dit très simplement, calmement, le plus possible que son papa était mort"
Aurélie Silvestre, sur M6
Après 24 heures d’angoisse, il a fallu annoncer à son fils la mort de son père. Aurélie Silvestre raconte avoir appelé le SAMU, qui lui a dit d’attendre le lendemain matin pour en parler à son fils, "il pouvait bien attendre cette dernière nuit de tranquillité". "Je me suis assise avec lui sur le canapé et je lui ai dit très simplement, calmement, le plus possible que son papa était mort", assure-t-elle.
Elle a aussi dû raconter à sa fille, qui n’aura jamais connu son père, les circonstances dans lesquelles il a disparu. "Ma fille est née dans une famille dans laquelle il n'y a pas de père", raconte Aurélie Silvestre. « En fait, je lui parle tout de suite (…). Je pense que la nuit de sa naissance, je lui ai parlé pendant trois heures alors qu'elle n'était encore qu'un petit nourrisson. Mais de toute façon elle connaissait cette information. Elle la savait déjà, je pense."
Six ans après le 13 novembre vient le procès. "Je ne m'étais pas emparée de cette histoire-là jusque-là", explique Aurélie Silvestre, qui s’est concentrée sur le deuil plutôt que sur l’enquête. "J’ai compris pendant le procès que Salah Abdeslam, qui était le seul membre encore en vie des commandos, a été arrêté le 18 mars. Et moi, j'ai accouché de ma fille le 16. Donc, je n'avais même pas eu cette information, en fait."
Mis à part Antoine, qui a vu sa compagne et mère de son enfant décéder dans les mêmes conditions que Mathieu, Aurélie n’a pas été en contact avec les autres victimes. Elle les a donc découvertes pendant le procès, il y a quatre ans : "Je n'avais pas imaginé la tendresse que j'allais trouver sur les bancs des parties civiles, sur le côté collectif de toutes ces victimes qui ont vécu la même chose le même soir. (…) Ça a été une découverte très tendre et joyeuse".
Elle y est donc allée à de nombreuses reprises, au point que son fils, alors âgé de neuf ans, a voulu l’accompagner : "Il m'a demandé de venir, et je ne pouvais décemment pas lui dire non." Un moment difficile à passer pour ce petit garçon, qui n’a pas souhaité y retourner : "Sur le chemin, j'ai pu lui raconter des tonnes de choses que je ne lui avais pas racontées, à savoir le contexte. Voilà, c'est la France qui répond à la barbarie par la démocratie."
Dans son livre, Aurélie Silvestre fait part du fait qu’elle a eu du mal à trouver des personnes à qui se confier après la tuerie. "Vivre à Paris en novembre 2015, ça a dévasté tellement de gens qu'en fait, il ne fallait pas en rajouter beaucoup", raconte-t-elle. Mais il a bien fallu se confier, "donc, c'est vrai que je l’ai un peu raconté à la pharmacie, au taxi, au patron de bar…", et à Antoine, son "jumeau de drame".
Aujourd’hui Aurélie Silvestre continue de parler de Mathieu, parce que "ne meurt que ce qu’on oublie". Elle "parle en fait assez quotidiennement de Mathieu, mais c'est assez naturel et léger. C'est une façon de le garder un peu avec nous".
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