Mayotte : "Chido a tout pris", 4 mois après le passage du cyclone, où en est la reconstruction ?
Quatre mois après le passage du cyclone qui a dévasté l'archipel, les habitants du département le plus pauvre de France peinent à entrevoir le bout du tunnel.
Des montagnes de déchets du cyclone jonchent encore les routes et les abords des villes. L'archipel se relève doucement, tout doucement de la catastrophe subie le 14 décembre dernier. Peu d'habitation ont été épargnés par la puissance exceptionnelle de Chido. Quatre mois après, les bâches font toujours office de toit ou de fenêtre dans bon nombre d'entre elles. "La maison était inondée. On a mis des bâches mais ce n'était pas suffisant", témoigne un sinistré qui a puisé dans ses économies et celles de la famille pour faire couler une dalle en béton sur son toit. "L'assurance n'a pas réagi encore. Zéro euro. On se débrouille tout seul", déplore-t-il.
Comme lui, les Mahorais attendent qu'Emmanuel Macron tienne sa parole de décembre, en allégeant la paperasse pour accélérer les indemnisations, même si à Mayotte, moins de 10% des habitations sont assurées. Dans les bidonvilles, les habitants n'ont pas attendu l'aide de l'Etat pour reconstruire. A Kaweni, le bidonville logé contre les montagnes qui surplombent la capitale, 20.000 personnes s'entassent dans des maisons bricolées. Pourtant, après le passage de Chido, il ne restait plus rien. "Toutes les maisons ont été détruites par le cyclone le samedi. Mais le dimanche, en se réveillant, tout le monde a reconstruit", explique un habitant. "On avait l'impression que c'était la fin du monde. Mais on a tout réparé. On a reconstruit d'abord une maison. Sur un matelas dormaient cinq personnes", confie une autre.
Le cyclone a encore durci les conditions de vie dans ces bidonvilles. En remontant les chemins boueux et étroits de Kaweni, on trouve la maison de William, 13 ans, et son jeune frère. "Chido a tout pris, les vêtements comme la télé. On dort par terre. Chido a pris le lit et l'a jeté", témoigne le plus jeune. Comme beaucoup dans Mayotte, difficile aussi de trouver les produits alimentaires de base, les plantations ayant été fauchées par le cyclone. "Chido a tout pris, même les bananes. On mange seulement du riz", explique-t-il. Malgré tout il y a deux mois, les deux enfants ont pu retrouver le chemin de l'école.
