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Martinique : la révolte contre la vie chère se poursuit malgré l'instauration d'un couvre-feu

Les manifestations contre la vie chère continuent d'ébranler la Martinique. Malgré la tenue de plusieurs tables rondes, aucune solution concrète n'a été trouvée pour le moment.

Vue générale de la ville de Fort-de-France (Martinique), le 20 septembre 2024
Crédit : Ed JONES / AFP
Nathan Joubioux & AFP
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La grogne sévit toujours en Martinique, malgré l'instauration d'un couvre-feu nocturne. Barricades enflammées, magasins brûlés ou pillés... la situation reste tendue sur l'île sur fond de protestation contre la vie chère.

Dans la nuit du jeudi 10 au vendredi 11 octobre, les forces de l'ordre ont tenté de contenir les émeutiers qui ont érigé des dizaines de barrages à travers l'île. Selon une source préfectorale, 32 interpellations ont été effectuées et 12 blessés légers sont à relever parmi les forces de l'ordre. Quelque 150 véhicules ont brûlé, dont ceux d'une société de location, et 14 locaux commerciaux ont été incendiés.


Les quelques kilomètres d'autoroute séparant Le Lamentin de Fort-de-France, sur lesquels "une soixantaine de voyous à moto ont fait l'essuie-glace", sont le cœur de cette mobilisation, poursuit cette source. C'est sur cette route que sont mortes sur le coup jeudi soir deux personnes à moto qui circulaient sans casque à contresens et qui ont percuté une voiture.

Depuis septembre, la Martinique est en proie à une mobilisation contre la vie chère initiée par un mouvement baptisé Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC). Le mouvement, qui exige un alignement des prix des produits alimentaires sur l'Hexagone, affichés 40 % plus chers en Martinique, s'est depuis transformé en révoltes.

Plusieurs tables rondes réunissant les services de l'État, les collectivités locales, les acteurs économiques et le RPPRAC ont été organisées, sans débouchés positifs jusque-là. Une nouvelle réunion devait avoir lieu vendredi après-midi (en soirée à Paris).

"La vie est difficile"

Mais les mobilisations semblent avoir passé un cap depuis la nuit de mercredi à jeudi, avec de nombreux épisodes de pillages et d'actes de vandalisme qui se sont poursuivis dans la nuit de jeudi à vendredi en dépit d'un couvre-feu de 21 h à 5 h.

Sur la nationale 2, qui relie les localités du littoral nord-caraïbe à Fort-de-France, de nombreuses intersections étaient encore encombrées de débris calcinés, stigmates des barrages installés durant la nuit. En milieu de journée, un correspondant de l'AFP a dénombré une dizaine d'amas fumants qui obstruaient partiellement la chaussée entre le centre-ville de Fort-de-France et le campus universitaire, situé dans la commune voisine de Schoelcher.

Les rues du chef-lieu de la Martinique étaient inhabituellement calmes. "Depuis le mois de septembre, par rapport à ce mouvement, ça devient compliqué. La ville est morte, ça attire les voyous", se désole Bernard, un restaurateur de 54 ans, devant son établissement déserté. "On espère que ça se terminera avant le début de la saison touristique", souffle-t-il.

Deux retraitées évoquent la mobilisation contre la vie chère en terminant quelques emplettes. "Au départ c'était une bonne initiative, mais avec le temps, ça s'est dégradé", regrette Louise, 70 ans. "On ne voudrait pas que ça se termine comme en Nouvelle-Calédonie", ajoute sa sœur Josiane, 63 ans, qui dénonce la "provocation" des policiers, qui ont fait usage de lacrymogènes contre des manifestants. "À ce moment-là, tout s'est aggravé", dit-elle. "La vie est difficile, il faut trouver une solution à ce problème de vie chère", conclut l'aînée. "Hier, j'ai acheté deux baguettes, un pain complet et deux tomates : j'en ai eu pour 10,50 euros."

Manifestations interdites

L'aéroport de Fort-de-France a rouvert vendredi matin avec l'atterrissage d'un premier vol en provenance de République dominicaine peu après 10 h (16 h à Paris), après avoir dû fermer la veille, en raison de l'intrusion sur les pistes d'une centaine de manifestants.

Huit personnes ont été arrêtées à la suite de cet envahissement, a appris l'AFP de source policière. L'intrusion, sur fond de rumeur de renforts policiers démentie par la préfecture, a provoqué le déroutement vers la Guadeloupe de trois avions et plus de 1.000 passagers. Ces passagers devaient repartir pour la Martinique dans l'après-midi, a indiqué la préfecture de Guadeloupe dans un communiqué. Une partie d'entre eux a passé la nuit sur des lits de camp dans un gymnase de Pointe-à-Pitre transformé en centre d'hébergement, a constaté une journaliste de l'AFP.

La préfecture de Martinique a annoncé l'interdiction jusqu'à lundi des manifestations et des rassemblements. Déjà fermées jeudi, les écoles sont restées closes vendredi "compte tenu de l'incertitude du contexte social actuel", selon le rectorat.

Le CHU de la Martinique a annoncé jeudi le déclenchement d'un plan blanc et les pharmacies de l'île ont déclaré "ne plus être en mesure d'assurer les services d'urgence".

Sans qu'il soit possible d'établir un lien avec les émeutes, le corps sans vie d'un homme criblé de balles a été retrouvé vendredi après-midi à Four-à-Chaux, un quartier populaire du Lamentin, a indiqué la préfecture dans un communiqué.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, un homme de 20 ans est mort en marge du pillage d'un centre commercial, selon la même source, et un autre, âgé de 30 ans, a été "grièvement blessé par balle", d'après une source policière.

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