Martinique : comment les autorités luttent contre le narcotrafic

Bruno Retailleau a entamé une visite officielle aux Antilles, vendredi en Martinique et samedi en Guadeloupe. Un déplacement marqué par la lutte contre le trafic de drogue et d’armes, fléau qui gangrène les territoires ultramarins. Le ministre de l'Intérieur en a profité pour annoncer des moyens supplémentaires qui vont être déployés pour endiguer le "tsunami blanc" de la cocaïne en Martinique. Aux Antilles, les autorités luttent chaque jour contre ces trafics illégaux. 

À l’aéroport de Fort-de-France, en Martinique, les voyageurs en direction de la métropole passent désormais par un scanner millimétrique destiné à détecter les "mules", ces individus qui transportent de la drogue sur eux. Le commissaire divisionnaire Michel Aleu, directeur territorial de la police, en détaille le fonctionnement : "C’est une sorte de cabine. Les personnes entrent à l’intérieur, le scanner tourne autour et peut déterminer si, sous une chemise par exemple, se cache de la cocaïne ou d’autres produits sans avoir besoin de palper ou de demander de se déshabiller."

Des drones capables d'atteindre 140 km/h

Aux abords des côtes, d’autres dispositifs sont mis en place. Des radars détectent les bateaux suspects. Un agent peut ainsi alerter en temps réel les forces de l’ordre, qui interceptent les trafiquants avant qu’ils n’aient le temps de se débarrasser de leur cargaison. 

Ce gain de temps est précieux. "Nous avons détecté à 22h un bateau de pêche, le débarquement s'est fait à 22h26 donc 25 minutes de préavis pour transmettre aux forces de sécurité intérieure et pour intervenir." Dans les prochains mois, les forces de l’ordre disposeront aussi de drones capables d’atteindre 140 km/h, équipés de caméras infrarouges fonctionnant de jour comme de nuit.

Il y a également une solution plus brutale décrite par le contre-amiral Jean-Baptiste Soubrier : "On développe des vrais modes d'action militaire. On fait un "go fast" en neutralisant les moteurs avec un tireur d'élite, puis, on synchronise l'arrivée d'un zodiac en pleine mer à plus de 2.000 km/h pour saisir la drogue avant qu'elle ne soit jetée à l'eau. Ce n'est pas rien."

"L'arme de poing était posée sur le frigidaire"

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Si l’intelligence artificielle est appelée à renforcer la lutte contre le trafic, c’est encore le contrôle routier qui permet, au quotidien, de confisquer des armes en Martinique, où leur circulation est devenue massive. "J'ai fait des départements très difficiles et il était très rare de tomber sur quelqu'un qui avait une arme lors d'un contrôle routier. Ici, on en a deux par semaine. La plupart sont logées sous le siège de la moto ou du scooter, dans la boîte à gants", explique un policier. 

Il raconte : "Récemment, on est intervenus sur des violences intrafamiliales, on est entrés pour porter secours à la femme qui était victime de violences. L'arme de poing était posée sur le frigidaire, même pas mis hors de portée des enfants. C'est très inquiétant." 

En charge de la police et de la gendarmerie, le préfet de Martinique, Étienne Desplanques, connaît bien ces individus : "Le profil type du porteur d'armes en Martinique est souvent un jeune impliqué dans le trafic de stupéfiants, qui peut aussi commettre des cambriolages ou des vols à main armée. Il a une arme de poing américaine ou brésilienne." Les services de renseignement jouent un rôle essentiel dans cette lutte. Une conférence régionale pour la sécurité, réunissant une douzaine d’États de la zone caraïbe, est déjà envisagée pour 2026.

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