Violences en Martinique : pourquoi la situation s'embrase sur l'île

Un mort, un aéroport envahi, un millier de passagers déroutés... La Martinique a été marquée par une nouvelle nuit de violence, ce 10 octobre.

Depuis septembre, l'île antillaise est en proie à une mobilisation contre la vie chère initiée par un mouvement baptisé Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC). Les habitants souhaiteraient un alignement des prix des produits alimentaires sur l'Hexagone, affichés 40 % plus chers en Martinique.

Ce mouvement dégénère parfois avec des actes de violences urbaines. En dépit du couvre-feu de 21h à 5h imposé par le préfet de l'île, les pillages de magasins, les scènes de guerre, les guérillas urbaines se répètent chaque nuit. Des barrages enflammés bloquent certains axes routiers. Cette semaine, douze gendarmes ont été blessés. 

Tout est monté d'un cran le jeudi 10 octobre avec le décès d'un jeune homme par arme à feu vers 3 heures du matin près de Fort-de-France. Le tir n'est pas issu des forces de l'ordre, a affirmé la préfecture. Une des hypothèses à ce stade : un différend, un règlement de compte entre émeutiers lors du partage d'un butin. Les gendarmes ont découvert l'homme blessé dans un centre commercial alors que des pillages étaient en cours. Il est ensuite décédé à l'hôpital.

Aéroport fermé, avions déroutés

Jeudi après-midi, l'aéroport a notamment été pris pour cible et a dû fermer ses portes. Une centaine de personnes cagoulées ont envahi l'aérogare et les pistes. Moins nombreux et complètement dépassés, les policiers ont tenté de les contenir à l'aide de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement.

Les affrontements se sont poursuivis dans l'aéroport, au milieu des valises et des touristes paniqués comme Laurent. "C'était un truc de fou, quelque chose que je n'ai jamais vu dans ma vie", a confié l'homme à RTL. Évoquant une "violence extrême". Il s'est réfugié "à l'intérieur de l'aérogare" et en sortant, "c'était le chaos". Avec "pas mal de voitures brûlées" sur le parking. 

Cette intrusion, sur fond de rumeurs de renforts de 300-350 policiers, démenties par la préfecture, a provoqué le déroutement vers la Guadeloupe de trois avions (soit un millier de passagers) et l'annulation de tous les vols prévus jeudi soir au départ et à l'arrivée de l'aéroport de Martinique-Aimé-Césaire.

Pour le moment, il n'y a pas d'annonce de renfort (c'est à l'étude). Aujourd'hui, le gouvernement cherche à temporiser tout en évitant l'embrasement et une contagion sur l'île voisine, la Guadeloupe. Alors que les forces de l'ordre n'arrivent pas à faire face à la situation, selon Jean-Christophe Couvy.

Pour le secrétaire national du syndicat de police UN1TÉ, les policiers "ont des boucliers rafistolés" : "ils n'ont même pas de casque de maintien de l'ordre individuel. Les véhicules sont d'un autre âge sans climatisation à l'intérieur. Ils ont besoin de renfort et que l'État soit surtout à leur côté".

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