Une terre d'asile pour les animaux sauvages saisis par les autorités. Dans la Loire, un zoo abrite les locaux non ouverts au public de "Tonga Terre d'accueil". Depuis douze ans, des animaux de cirques, de laboratoires ou de particuliers, maltraités ou détenus dans de mauvaises conditions, sont confiés à cette association. Située à Saint-Martin-la-Plaine, elle est la seule habilitée à recevoir des singes et des fauves en France.
Tout a commencé en 2008 lorsque le directeur de ce zoo pas comme les autres a reçu un appel de la préfecture de la Drôme. "Ils me disent qu'ils ont saisi un animal et me demandent si je peux le prendre", raconte Pierre Thivillon. L'homme aujourd'hui âgé de 74 ans raconte sa surprise de découvrir qu'il ne s'agit pas "d'un canari", mais bien d'un hippopotame nommé Tonga.
L'animal restera trois mois dans la Loire avant de rejoindre une réserve en Afrique du Sud. L'association est née. Depuis "Tonga terre d'accueil" reçoit essentiellement des félins et des primates. Notamment des capucins sortis de laboratoire. "Ces singes devaient être euthanasiés à la fin de l'expérimentation", explique Pierre Thivillon.
Dans ces bâtiments, une dizaine d'enclos se succèdent. Le directeur explique : "Si un zoo a une installation adaptée, on leur donnera ces animaux plutôt que de les garder dans ces conditions temporaires". En attendant une solution permanente, tous sont bichonnés par Romain, leur soigneur.
Les animaux sont également suivis par Jean-Christophe Gérard. "On récupère souvent des animaux en très mauvais état, se désole le vétérinaire. Ils ont besoin de beaucoup plus d'attention à cause des problèmes comportementaux. Il faut du temps pour les récupérer psychologiquement." Parmi les plus belles réussites, John, un lion squelettique. "À son arrivée, il pesait 116 kilos, maintenant il en fait plus de 200", se réjouit-il.
Alors que la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, a annoncé la fin des animaux sauvages dans les cirques dès 2021, Pierre Thivillon s'attend à recevoir de nouveaux pensionnaires. Le directeur se dit prêt mais reste perplexe : "Plusieurs choses auraient dû être faites en amont. Notamment savoir combien d'installations sont susceptibles de pouvoir recevoir ces animaux et surtout, combien de ces animaux doivent être saisis".
Même si le zoo a récemment inauguré dix nouveaux box, cela risque de ne pas être suffisant pour accueillir tout le monde. "Pour le moment, on nous propose plus de vingt lions et tigres, ça ne se met pas dans une salle de bain", déclare Pierre Thivillon. Reste ensuite le placement définitif des animaux, compliqué en raison du manque de place dans les structures.
Au total, l'association accueille actuellement 20 félins et 70 singes.