Ouvrons la porte du gigantesque bâtiment des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine, pas très loin du stade de France. Près de 4.200 cartons enfermant 6,3 millions de documents dorment ici. Une histoire de l'ombre : les archives policières et judiciaires des tribunaux d'exception de Vichy, puis de l'Épuration. Les historiens y avaient accès, mais les autorisations étaient compliquées.
Depuis le changement de la loi, ces cartons s'ouvrent. Le bouche à oreille fonctionne. La fin d'un tabou. "Les particuliers sont de plus en plus nombreux à la recherche des secrets de famille", explique la conservatrice Caroline Piketty. "On en est tous là dans nos familles. Il y a des choses que nous savons, d'autres que nous ne savons pas ou que nous n'avons pas voulues savoir, ou encore que nos parents n'ont pas voulu nous dire", poursuit-elle. "Secrets : je n'aime pas tellement ce mot, parce que cela fait très vite tarte à la crème", précise-telle.
Les Français sont à la recherche de leur histoire intime, au risque de découvrir la face sombre du passé familial. C'est le cas de cet homme, à qui on avait toujours dit que son grand-père était résistant. Dans un document crayonné de rouge, il découvre effaré qu'il était "collabo". Proche de la Gestapo, à qui il rendait de petits services. Il a été jugé par une chambre civique de la cour de justice de la Seine. Ce lecteur a quitté les Archives bouleversé. Soixante-dix ans de certitudes venaient de s'écrouler sous ses pieds.
Cette course à la mémoire ne fait que commencer
Jean-Alphonse Richard
"C'est une page complètement ouverte sur l'histoire de Vichy. Quelle a été l'attitude de nos familles pendant la Seconde Guerre mondiale ? Forcément, avec la Collaboration ordinaire, il y a des découvertes qui ne sont pas forcément agréables", raconte Marion Veyssiere, responsable des documents de justice et de police. Il y a des désillusions mais pas toujours. Ces archives qui s'ouvrent racontent aussi d'extraordinaires histoires.
Ainsi monsieur Sibille vient toutes les semaines dans la grande salle de lecture pour, comme il dit, "retrouver son enfance passée au Creusot". Il avait 8 ans pendant la guerre. Un souvenir l'a toujours obsédé : pourquoi son père l'envoyait-il dire quelques mots à une employée de mairie ? Il a trouvé la réponse, noir sur blanc, dans les archives. Jean Sibille a lu et relu ces procès-verbaux, reconstitué le récit de ses visites. Il a compris qu'il était tout simplement le petit télégraphiste d'un réseau de résistance.
Cette course à la mémoire ne fait que commencer. Car dans ces archives, toute une masse de documents classés "secret défense" sont en train d'être déclassifiés. Avec, là encore, des fantômes du passé prêts à raconter notre propre histoire.
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