"Le sujet est grave" : qu'est-ce que le nématode du pin, ce ver ravageur qui inquiète la filière du bois et les autorités ?

Un invité indésirable s'est installé dans nos forêts. Un foyer de nématode du pin, un ver ravageur, classé "organisme de quarantaine prioritaire" a été détecté dans les Landes, à Seignosse. 

La présence de cet organisme a été confirmée mardi 4 novembre par communiqué du ministère de l'Agriculture. Originaire d'Amérique du Nord, le nématode du pin (ou Bursaphelenchus xylophilus) a déjà été vu la première fois sur le continent européen au Portugal en 1999 puis en Espagne en 2008. 

"Le sujet est grave", indique à RTL Antoine d'Amécourt, président de la Fédération des syndicats de forestiers privés (Fransylva). Le parasite est très nocif pour les résineux des genres Pinus (pins), Abies (sapins), Cedrus (cèdres), Larix (mélèzes), Picea (epicéas), Pseudotsuga (Douglas) et Tsuga. "La forêt française, c'est 40% de résineux", assure le sylviculteur. Selon lui, parmi les 15 arbres analysés par le laboratoire national de référence de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), deux auraient été affectés. "C'est dans un rayon assez restreint", assure-t-il.

Limiter à tout prix la propagation

Pour éviter sa propagation, le préfet de la région de Nouvelle-Aquitaine a pris un arrêté interdisant "la circulation des végétaux sensibles, des bois et écorces des espèces de résineux sensibles ainsi que l’ensemble des travaux d’exploitation (coupes, éclaircies, débardages, dessouchages, taille, élagage) dans une zone de 20 km autour du foyer détecté sur la commune de Seignosse".

Une première zone a été établie 500 mètres autour des arbres infestés concerne quatre communes des Landes : Angresse, Seignosse, Saubion et Soorts-Hossegor. Une seconde zone tampon de 20 km englobe, elle, 52 communes, dont 40 situées dans les Landes et 10 dans les Pyrénées-Atlantiques, soit une superficie d'environ 36.000 hectares, une partie de cette zone s'étendant au-delà de la côte. Selon Fransylva, 24 propriétaires de parcelle de forêt sont touchés dans le rayon de 500 mètres et 6.400 dans celui de 20 km. 

Depuis l'annonce de ce foyer de nématode, certains ont pointé du doigt la monoculture du pin. "C'est une méconnaissance du fonctionnement de la forêt, assure Antoine d'Amécourt, "qu'il soit en monoculture ou pas en monoculture, tous les résineux sont susceptibles d'abriter ou d'être contaminés par ce petit ver", assure le sylviculteur qui félicite les professionnels du secteur pour leur vigilance face "aux problèmes sanitaires".

Des conséquences directes sur la fillière

La découverte du nématode du pin dans les Landes a des répercussions significatives sur la filière forestière. Les mesures de confinement mises en place, notamment l'interdiction de transporter du bois et de réaliser des travaux en forêt dans un rayon de 20 km autour des foyers identifiés, perturbent considérablement l'activité économique locale. 

"Cela engendre des entreprises qui sont obligées de quitter le secteur. Il y a deux scieries qui sont dans le secteur, qui, elles, sont très contraintes, puisqu'elles ne peuvent plus travailler, là, pour l'instant", explique le président de Fransylva. "Il va y avoir du chômage technique surtout pour les exploitants, tous les gens qui font des travaux en forêt, les pépinières...", énumère-t-il.

"J'ai une grande solidarité avec les gens qui sont impactés et de toute la filière, que ce soit les propriétaires forestiers, les exploitants, les scieurs. C'est un sujet qu'on va gérer, il va bien falloir", déclare Antoine d'Amécourt.

Selon les informations de Ici, les mesures de prévention auraient des conséquences directes sur la vente locale de sapin de Noël, visés par l'interdiction de transport.

Une réunion ministérielle, qui doit rassembler les acteurs du secteur, est organisée ce jeudi 6 novembre 2025. "Il faut absolument que les pouvoirs publics travaillent ça avec l'interprofession et les professionnels de la forêt", martèle le sylviculteur. 

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