Changement climatique : Jancovici alerte sur le manque de moyens consacrés à nos forêts

Dans son dernier rapport, la Cour des Comptes s'est intéressée aux forêts, qui sont délaissées par les pouvoirs publics. Il y a pourtant urgence, selon Jean-Marc Jancovici.

Jean-Marc Jancovici, invité de RTL le 5 février 2024

Crédit : RTL

CHANGEMENT CLIMATIQUE - L'alerte de Jean-Marc Jancovici sur le manque de moyens consacrés à nos forêts

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Il est de plus en plus fréquent de voir la Cour des comptes, qui s'intéresse en temps normal à nos finances, publier des analyses sur la question du changement climatique. Le dernier-né de la série est un rapport sur l'état de l'Office national des forêts, qui gère en France les forêts qui sont à la fois possédées par l'État, ou ce qu'on appelle les forêts domaniales. Elles sont souvent détenues par des communes, mais les communes confient la gestion déléguée de ces forêts à l'ONF.

Si l'on regarde la superficie totale de ces forêts, il y en a pour plus de 4 millions d'hectares, c'est un quart de la forêt française, et c'est à peu près l'équivalent de 8 à 9 départements en France. Pour s'occuper de tout cela, l'ONF compte 8.000 personnes.

Autrement dit, sur une population active en France de 25 millions d'individus : vous prenez 1 pour 1.000, ça fait 25 000. Vous prenez un tiers de ce 1 pour 1 000, ça fait 8.000. C'est vraiment très peu. Et ces gens-là ont à leur charge la gestion de 8 % de la superficie du territoire. Au vu de ces deux chiffres, on peut résumer le rapport des comptes en une seule phrase : ce n'est sûrement pas avec ces moyens-là qu'on va sauver nos forêts.

Le rôle crucial de nos forêts

On pourrait se dire que finalement, ce n'est pas très grave : les éleveurs mongols vivent dans des steppes : il n'y a pas de forêts, ils survivent. Mais tout cela a tout de même quelques petits inconvénients. Le premier, c'est que d'un point de vue purement utilitariste, on s'est habitué à avoir du bois. Parce qu'on aime bien, même s'il y a l'heure de l'électronique, avoir de temps en temps une feuille sur laquelle on prend des notes. On est habitué à avoir du bois pour la construction, on est habitué parfois à avoir du bois pour se chauffer.

Le deuxième inconvénient, c'est que les arbres sont bénéfiques à plein de titres pour notre santé. Ils sont bénéfiques pour notre santé mentale, ils sont bénéfiques pour notre santé physique. Tout cela relève d'études épidémiologiques, d'études de cohorte en médecine très bien documentées, montrant que l'environnement végétalisé est un environnement qui améliore la santé des gens. Chacun d'entre nous sait que quand on est en forêt, globalement, on se sent plutôt bien.

Et puis il y a un effet culturel. On est habitué à nos forêts, c'est un espace récréatif qu'énormément de gens apprécient. Donc oui, ça serait quand même ennuyeux de ne plus avoir de forêts, même si l'on pourrait faire survivre une humanité sans ça. Et donc, répétons-le, si on a l'intention de "sauver les forêts", alors qu'au moins de la moitié de ce qui pousse actuellement dans les forêts va succomber au réchauffement climatique, ça n'est vraiment pas avec les moyens qui y sont actuellement consacrés qu'on risque d'y arriver.

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