À Basse-Goulaine, dans la banlieue de Nantes, une vingtaine d'arbres ont été abattus sur une parcelle privée en bordure de route, fin février. Pendant quatre jours, les bûcherons ont coupé et emporté le bois, sous le nez des voisins. La propriétaire, qui n'habite pas la commune, a porté plainte et une enquête a été ouverte.
Le cas est loin d'être anecdotique. En Moselle, dans le Jura ou encore dans l'Hérault, la presse locale se fait souvent l'écho de vols de bois dans les forêts. Il ne s'agit pas seulement de bois de chauffage, mais bien de vol de grumes, provenant le plus souvent de chênes. Une opération qui nécessite un équipement professionnel.
Didier Daclin, vice-président de la Fédération des syndicats de forestiers privés du Grand-Est (Fransylva) a constaté une augmentation des cas dans sa région qu'il impute notamment à la hausse de la demande de parquet, de bois de construction et de bois à l'exportation.
"Il y a eu ses cinq dernières années, essentiellement sur le chêne, une embellie sur les prix et la demande a beaucoup augmenté", explique-t-il. "Ce bois volé sert à alimenter des marchés parallèles".
Ces coupes sauvages ont un impact désastreux sur la faune et la flore locale. "La coupe est brutale et définitive, le propriétaire n'aura plus les moyens de reconstruire une forêt derrière, cela coûte très cher. Ces parcelles ne seront jamais reconstituées", déplore Didier Daclin. "C'est une catastrophe, c'est une destruction systématique du paysage, de la forêt qui relâche de l'oxygène", insiste-t-il.
À cela, s'ajoute le préjudice moral de perdre une forêt transmise de génération en génération. "C'est une vraie violence psychologique, une forêt, c'est un patrimoine, c'est les racines d'une famille", insiste le vice-président de Fransylva Grand-Est.
En février 2023, un exploitant espagnol avait été condamné à deux ans de prison avec sursis par la cour d'appel de Toulouse pour avoir découpé illégalement une centaine de chênes centenaires et plus de 300 sapins ou épicéas dans plusieurs communes ariégeoises. Sa société avait également été condamnée à payer 80.000 euros d'amendes.
Un cas qui fait presque figure d'exception en France. Les propriétaires de forêts obtiennent rarement gain de cause au tribunal. Dans son département, en Moselle, Didier Daclin essaye de convaincre les victimes de porter plainte, mais elles sont encore peu à le faire : "Au tribunal, c'est 1000 euros le droit d'entrée, c'est un avocat, un expert et les procédures longues", explique Didier Daclin. "Tant qu'au niveau de la justice, on n'aura pas sévi, les malfaiteurs seront toujours tentés d'aller plus loin", ajoute-t-il.
Avec leurs moyens, Fransylva tente de trouver des solutions pour prévenir ces coupes sauvages et surveiller plus facilement la forêt. Cela passe par la sensibilisation des maires à la question, le regroupement des petites parcelles, le nettoyage des cadastres ou encore l'identification des propriétaires. "Le morcellement de la forêt privée peut devenir un handicap", confie Didier Daclin. "La forêt française, c'est 75% de propriétaires privées".
Le vice-président de Fransylva Grand-Est regrette que le sujet ne soit pas pris en charge au niveau national. "Il faut inciter les ministères à créer une cellule pour suivre ses affaires de délits forestiers", estime-t-il. "Il faut prendre la mesure de ce marché, c'est un vrai sujet de sécurité intérieure".
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