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Le chantier de l'A69 sera-t-il suspendu ? La poursuite du projet d'autoroute entre Toulouse et Castres entre les mains de la justice

La justice administrative doit dire ce mardi 30 décembre si le chantier de l'autoroute contestée entre Toulouse et Castres, initié en 2023, peut se poursuivre ou s'il doit être à nouveau stoppé, comme le souhaitent les militants écologistes.

Le chantier de l'A69

Crédit : Ed JONES / AFP

Valentin Larquier - édité par Marine Langlois

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La décision est attendue dans la journée : le chantier de l'A69 sera-t-il suspendu ? La cour d’appel administrative de Toulouse se prononce ce mardi 30 décembre sur la validité de l’autorisation environnementale. Si le rapporteur public a recommandé la poursuite des travaux, et son avis est généralement suivi, les opposants espèrent un retournement de situation. 

Ces 53 kilomètres de bitume et de tension entre Castres et Toulouse doivent faire gagner entre 15 et 20 minutes aux automobilistes. Et sans attendre la décision de justice, le chantier se poursuit : des dizaines d'engins de chantier, des ponts construits, du bitume qui coule mais aussi quelques tags anti autoroutes. 

La trace de l'A69 coupant de le territoire est plus que visible : le concessionnaire Atosca estime que 75% des travaux sont réalisés, presque tous les ouvrages d'art, presque tous les terrassements. 

Des zones de débordements

Une avancée contestée par les opposants qui n'imaginent pas l'autoroute ouvrir en octobre 2026, comme prévu. Car ce chantier fait l'objet de vives contestations depuis des années. Un collectif d’opposants a récemment découvert qu’il débordait bien au-delà des zones prévues par l’autorisation environnementale comme à Castres, sur la base de vie d'Atosca. 

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"Le problème, c'est qu'on est effectivement sur un des débordements qu'on a identifié", explique à RTL, Laurent Prost, un médecin tarnais à la retraite et membre du collectif d'opposants La voie est libre.

Ça ce n'était pas déclaré du tout dans l'enquête environnementale et ils ont installé une base vie où ils ont entreposé des engins, où ils ont mis des algécos et ils ont bitumé le terrain alors que c'est normalement une zone naturelle qui devait être préservée

Laurent Prost, membre d'un collectif d'opposants

Ce n’est pas le seul endroit où Atosca a pris ses aises selon le collectif d’opposants dont Myriam Joly fait aussi partie. Avec ses amis, cette cheffe d’entreprise a identifié 46 sites. "On est à 51 hectares qui sont comptabilisés, alors pas tous bitumés, ce sont différentes emprises qui ont été faites dessus. Ça peut être des remblais qui ont été faits. 51 hectares, c'est 12% de ce qui avait été autorisé", détaille-t-elle.


"Quand on pense que les préfectures sont là pour surveiller la régularité du chantier avec tout ce qu'on voit comme constatation de débordement d'emprise, il faut revoir l'autorisation environnementale parce qu'on est dans un contexte, un chantier, une zone de destruction qui est largement supérieure à ce qui était initialement prévu", ajoute Laurent Prost. 

À ce sujet, le concessionnaire ne s’exprime pas mais la découverte a poussé les préfectures à suspendre les travaux hors de l’emprise autorisée, et le parquet de Toulouse a ouvert une enquête

"Ça serait bien que ça se termine"

De leur côté, les habitants de l'agglomération castraise espèrent que le feuilleton va bientôt se terminer, notamment à Soual, à quelques mètres du chantier. "Depuis que je suis arrivé dans la région, j'en ai entendu parler depuis 1978. Donc bon, ça serait bien que ça se termine pour tout le monde", déclare l'un d'entre eux à RTL. 

"Il fallait désenclaver le sud du Tarn, ça c'était indispensable. On pensait qu'il aurait été raisonnable de prolonger la double voie qui était existante. C'est un autre choix qui a été fait, plus onéreux sans doute", ajoute une autre. 


Jean-Louis, quant à lui, est chauffeur de bus et favorable à l’A69, qu’il voit comme un atout pour le territoire. "Moi je pense qu'elle va aider des gens", assure-t-il, expliquant qu'il va lui-même la prendre, si le chantier se termine un jour.

À écouter

A69 - Le sort des 820 habitants de la région expropriés à cause du chantier de l'autoroute

00:01:50


"Si j'ai un peu de retard pour être sur la route d'Albi, en prenant l'autoroute, je l'ai à 300 mètres de chez moi. Je prendrai l'autoroute pour gagner ne serait-ce que 6 ou 7 minutes qui me permettront peut-être d'arriver à l'heure plutôt que de prendre les bouchons du centre-ville. Les gens de Toulouse vont venir ici, les gens de Castres vont aller à Toulouse plus facilement. Il va y avoir un échange économique, ça c'est sûr", élabore le chauffeur de bus.


L'autoroute est décriée pour son impact environnemental mais aussi pour le coût de son péage : 6,75€ pour une cinquantaine de kilomètres. Mais Jean-Louis espère que la cour d’appel ne freinera pas à nouveau un chantier qui a déjà coûté plus de 250 millions d’euros. 

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